Invitée sur une radio belge, la chanteuse Zazie a expliqué qu’elle n’avait rien contre le piratage qui lui permet aussi de faire la promotion de son dernier album. Elle avait pourtant milité contre le téléchargement illégal. Une tendance générale au changement de discours chez les artistes.

Existe-t-il encore un artiste pour défendre publiquement la lutte contre le piratage ? Il y a bientôt six ans, le portrait de Zazie s’affichait en grand sur les bords des routes pour supplier les français de la télécharger légalement. C’était la première campagne d’envergure lancée par le Syndicat National des Editeurs Phonographiques (SNEP) pour s’opposer au partage de fichiers, à une époque où l’offre légale payante était encore beaucoup moins riche et flexible que l’offre disponible gratuitement sur les réseaux P2P. L’opération devait soutenir les députés dans leur adoption du projet de loi DADVSI, qui instaurait déjà un premier mécanisme de riposte graduée, finalement censuré par le Conseil constitutionnel.

Six ans plus tard, sauf à avoir recours à des pétitions truquées, on ne trouve plus d’artiste prêt à s’associer à un combat d’arrière-garde. Avec notamment Michel Sardou, Francis Lalanne, ou Daniel Guichard, des artistes de renom qui ont connu les heures de gloire des ventes de disques non seulement ne s’opposent plus au partage de fichiers, mais même le soutiennent. Les résistances se trouvent plutôt aujourd’hui du côté du cinéma, et encore. Le réalisateur Christophe Barratier (Les Choristes), qui fut l’un des plus virulents combattants contre le piratage, expliquait la semaine dernière sur RMC qu’il avait mis de l’eau dans son vin.

« Le mérite d’avoir soulevé des choses c’était le principal effet (de la loi Hadopi), c’était l’effet d’annonce« , reconnaissait le réalisateur des Choristes. « C‘est peut-être une mutation nécessaire, je pense que vraiment le flicage des internautes… autant y a quatre ou cinq ans j’étais un petit peu remonté, maintenant je pense qu’il faut continuer à en parler, trouver des solutions pour nous, mais ça ne vient en aucune façon du public, si j’avais été ado moi aujourd’hui, qu’est-ce que je ferais… sincèrement je vais vous dire la vérité : je téléchargerais comme tout le monde« .

De son côté, c’est sur la radio belge Twizz que Zazie a nuancé ses positions. La chanteuse produite par Universal Music sort fin novembre Za7ie, un septième album de 49 chansons, diffusé sur le web en sept salves de sept titres par semaine. Avec visiblement l’idée de profiter de l’intérêt marketing du piratage. « Il faut que les gens puissent écouter avant, puissent avoir accès aux chansons, d’où l’idée de sortir sur le web, qui fait que l’on sait sait très bien que malheureusement…« , commence Zazie avant d’être interrompue par l’animateur. « Mais c’est gratuit sur le web ?« , demande-t-il. Sourire à la fois gêné et malicieux de la chanteuse. « Vous connaissez comme moi quelques sites où on peut écouter de la musique malheureusement gratuitement« , dit-elle en parlant visiblement d’autres sites que les Deezer ou autres Spotify.

« Mais moi j’ai rien contre parce qu’en fait le web c’est quoi, c’est une grosse radio aussi, faut le prendre comme c’est« . Sous-entendu : comme un moyen de promotion.

Mais bien sûr, les internautes qui téléchargement et partagent gratuitement les mini albums de Zazie ne pourront pas savoir s’ils sont à l’abri de l’Hadopi.

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