Les autorités suédoises n’ont absolument aucune intention d’alléger la pression sur Julian Assange, qui demeure cloîtré au sein de l’ambassade équatorienne à Londres. C’est ce qu’a fait savoir le ministère public dans un communiqué publié jeudi, dans lequel il exprime sa ferme opposition à la levée du mandat d’arrêt européen visant le fondateur de WikiLeaks, celui-ci faisant l’objet de deux plaintes en Suède.
« Julian Assange reste soupçonné d’un crime grave », justifie le parquet, en référence aux accusations le visant. Les autorités cherchent depuis six ans à l’interroger sur des agressions sexuelles qu’il aurait commises à l’encontre de deux femmes suédoises en 2010, mais dont une partie est prescrite. Le rapport sexuel aurait été consenti, mais Julian Assange aurait retiré son préservatif sans l’accord des deux intéressées.
Clamant son innocence, Julien Assange suspecte une manœuvre destinée à obtenir son extradition vers les USA en deux temps, d’abord avec un vol vers la Suède pour répondre des accusations dont il fait l’objet, puis avec un transfert pour Washington, qui veut le juger à la suite des révélations de WikiLeaks sur des milliers de documents confidentiels issus de l’armée et du département d’État.
Afin d’obtenir son interpellation, la Suède a émis un mandat d’arrêt européen que Londres compte bien respecter si jamais Julian Assange met un pied en dehors de l’ambassade, qui est un territoire protégé juridiquement. La situation est, de fait, de bloquée : tant que le cas suédois n’est pas résolu, impossible pour le fondateur de WikiLeaks de sortir de l’enceinte diplomatique et de prendre le premier vol vers l’Équateur et y bénéficier de l’asile politique.
Jusqu’à présent, les tentatives pour obtenir l’annulation du mandat d’arrêt n’ont pas porté leurs fruits et les conditions pour interroger Assange dans l’ambassade — il s’y trouve depuis 2012 — provoquent d’âpres discussions entre les autorités suédoises et la diplomatie équatorienne. Et si Assange n’a pas encore marqué un point décisif sur le plan judiciaire, il vient d’en inscrire un sur le plan symbolique.
Julien Assange suspecte une manœuvre pour obtenir son extradition vers les USA en deux temps
Début février, le groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU a admis que Julian Assange est « détenu » illégalement. Il estime que le Royaume-Uni et la Suède détiennent arbitrairement le fondateur de Wikileaks, et violent de fait son droit à un procès équitable. Le Royaume-Uni a toutefois fait savoir qu’il ne suivra pas l’avis du groupe de travail, qui ne s’impose pas aux États.
Le tribunal de Stockholm chargé de statuer sur le maintient du mandat d’arrêt européen rendra son verdict dans les prochaines semaines.
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