Pour convaincre les jeunes d’acheter de la musique sur Internet, le gouvernement souhaite lancer le 21 juin prochain des Cartes Musique Jeune dont le montant facial de 50 euros sera pour moitié financé par le contribuable. Convaincu par son succès, il a déjà prévu des mécanismes pour limiter l’impact sur le budget de l’Etat, et pour garantir la résistance du site de l’opération face aux très nombreuses visites attendues.

Comme l’indiquent nos confrères de PC INpact, le ministère de la Culture a mis en ligne un appel d’offres (.doc) visant à mettre en place le projet de Carte Musique Jeune appelé des voeux par Nicolas Sarkozy, sur proposition de la commission Zelnik. Dans son discours de janvier, le Président de la République avait avancé un montant et décrit le principe de la carte : « Il faut réhabituer les jeunes à acheter leur musique et je souhaite la mise en place de la carte musique, fixée – je ne sais pas – à 200 euros de potentiel d’achat, et l’Etat en prendra la moitié« .

Nous avions alors jugé que la Carte Musique défendue par Nicolas Sarkozy était une insulte aux valeurs de la République. Comment, en temps de crise économique aigue, justifier le fait de consacrer une partie du budget hautement déficitaire de l’Etat à mettre plus encore sous perfusion une industrie musicale néanmoins bien portante ? Le Président de la République démontrait là un sens des priorités qui nous paraît inacceptable. Sauf à pousser la logique jusqu’au bout, et accepter l’idée que la musique est un bien commun qui nécessite une mutualisation de son financement. Mais ça n’est ni l’idée du gouvernement en place, ni l’envie des grandes maisons de disques qui la refusent avec force.

Cependant, le ministère qui craint le succès de l’opération veut limiter les dégats sur les finances publiques. La Carte Musique devrait ainsi avoir une valeur faciale maximale de 50 euros, soit 25 euros par carte pour le budget de l’Etat. Ce qui est quatre fois plus faible que le montant avancé par Nicolas Sarkozy. De plus, avec potentiellement jusqu’à 10 464 188 clients de 12 à 24 ans, le ministère demande au prestataire de prévoir un système qui puisse  » permettre de stopper l’attribution de codes et de subventions lorsque le budget total alloué par l’Etat à l’opération aura été atteint« . Ce qui nous semble au passage poser un problème d’égalité que pourrait sanctionner le Conseil d’Etat, s’il était saisi.

Concrètement, les cartes devront s’acheter sur une plateforme en ligne, où le jeune inscrit pourra recevoir des codes promotionnels utilisables auprès de différentes offres éligibles (probablement labellisées par l’Hadopi), d’un montant équivalent à l’abondement de 50 % par l’Etat. Selon le scénario retenu, le totalité du montant de la carte pourra être dépensé sur une seule plateforme parmi celles référencées, ou auprès de plusieurs plateformes par un système de « tickets » fractionnés d’une valeur nominale de 10 euros. Chaque carte délivrée aura une durée de validité d’un an.

Très optimiste sur sa réussite, le gouvernement demande au prestataire de prévoir un « dimensionnement du web service conçu pour éviter toute impossibilité d’accéder au site en raison d’une trop grande affluence lors du lancement« . En principe, le service devrait être lancé le 21 juin, jour de la Fête de la Musique.

Dépêchez-vous, il n’y en aura pas pour tout le monde ! Et ça serait tellement dommage de passer à côté…

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