Malgré la crainte et l’opposition de certaines personnalités politiques, il semble que Google soit décidément un acteur incontournable pour numériser le patrimoine littéraire français. En effet, avec les moyens actuels de la Bibliothèque nationale de France, il faudrait 375 ans pour tout dématérialiser. Et cela, en prenant en compte l’argent alloué dans le cadre du grand emprunt.

La crainte de certains politiques de voir une entreprise étrangère participer à la numérisation des livres se sera finalement heurtée à la réalité des faits. Google dispose d’une avance bien trop grande dans ce domaine, et il serait déraisonnable de se passer de son expérience et de son expertise. C’est d’ailleurs l’une des recommandations du rapport Tessier, qui évoquait un partenariat public-privé avec le géant américain, afin de favoriser un « échange équilibré de fichiers numérisés, sans clause d’exclusivité« .

Selon un rapport d’information du Sénat, la commission des finances « approuve les orientations du récent rapport de Marc Tessier proposant d’effectuer une numérisation aussi exhaustive que possible du patrimoine de la Bibliothèque nationale de France et, dans le cadre d’un partenariat avec Google, d’échanger des fichiers, ou à défaut de mettre en place une filière commune de numérisation« .

À l’heure actuelle, le patrimoine de la Bibliothèque nationale de France comprend plus de 14 millions de livres et d’imprimés. « Selon les calculs de la commission des Finances, avec les moyens actuels de la Bibliothèque nationale de France, il faudrait environ 750 millions d’euros et 375 ans pour numériser l’ensemble des ouvrages » a souligné Yann Gaillard, responsable du rapport sur « la politique du livre face au défi du numérique ». Au regard de la tache, difficile de faire autrement que de recourir à Google.

La numérisation du patrimoine est l’un des deux grands chantiers qui est mis en œuvre dans le cadre du développement de l’économie numérique. Sur les 4,5 milliards d’euros dédiés à ce dossier, 750 millions sont directement affectés à la numérisation. Toutefois, la commission des finances se demande « dans quelle mesure [les orientations du raport Tessier] pourront être effectivement mises en œuvres« . « Même en prenant en compte l’emprunt national, sur les 400 millions d’euros qui paraissent nécessaires pour mener à bien le projet, seulement 160 millions sont actuellement financés » s’inquiète-t-elle.

La position du Sénat tranche nettement avec la saillie de Nicolas Sarkozy, à propos de la numérisation et de l’indexation des œuvres littéraires sur le web. Le président de la République avait déclaré que « nous ne nous laisserons pas dépouiller de notre patrimoine au profit d’une grande entreprise, quand bien même celle-ci serait sympathique, importante ou américaine. Nous n’allons pas laisser ce que des générations et des générations ont produit en langue française être ainsi récupéré, juste parce que nous ne serions pas capable de financer notre propre projet de numérisation« .


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