Le projet de décret italien continue de faire couler beaucoup d’encre. Officiellement destiné à lutter contre le piratage, le décret s’est attiré les foudres de Reporters Sans Frontières qui estime que non seulement le texte propose des sanctions disproportionnées, mais en plus celui-ci échappe au contrôle démocratique du parlement.

Un texte aux sanctions « disproportionnées » (jusqu’à 150 000 euros d’amende) et qui « échappe au débat et au contrôle démocratique du Parlement« . C’est en ces termes assez durs que Reporters Sans Frontières a réagi au projet de décret législatif déposé par l’actuel ministre délégué aux communications, Paolo Romani. Selon le gouvernement italien, l’objectif du décret vise à se conformer à une directive européenne sur les services de médias audiovisuels en instaurant une sorte de licence étatique destinée aux diffuseurs de vidéos en ligne, à l’image des licences attribuées aux chaînes de télévision.

Officiellement, c’est l’épouvantail du piratage qui a été agité pour justifier un tel décret. Mais personne n’est dupe. Non seulement le décret est contraire à la directive européenne, comme l’a expliqué Jean-Marie Le Ray sur son blog, mais en plus les intérêts audiovisuels du chef de l’Etat italien dans cette affaire sont évidents. Rappelons à ce sujet que la société MediaSet, fondée et contrôlée par sa famille, est en bisbille avec YouTube.

Dénonçant « le choix du décret plutôt que d’une loi« , Reporters Sans Frontières estime que « sous couvert de protéger les droits d’auteur, notamment les chaînes de télévision contrôlées par le Premier ministre Silvio Berlusconi, le gouvernement s’arroge un contrôle direct sur les télévisions indépendantes diffusées sur le Web. Leur existence dépendrait alors d’une licence accordée par le ministère et non par un juge« .

Pour l’organisation non-gouvernementale, « le décret en question instaure un système d’autorisation préalable à l’exercice de la liberté d’expression afin d’éviter d’éventuelles futures violations de droits protégées par la propriété intellectuelle. Cette disposition est en contradiction totale avec la conception de la Cour européenne des droits de l’homme de la liberté d’expression et avec l’article 11 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne« . En d’autres termes, les internautes souhaitant mettre en ligne une vidéo sur une plate-forme spécialisée (comme YouTube ou Dailymotion) devront d’abord obtenir le feu vert des autorités.

Car le principal problème de ce décret est bien là : d’ordinaire, la sanction d’un abus survient justement après que celui-ci ait été commis. Pas avant. Or, avec le projet déposé par Paolo Romani, le contrôle ne se fait plus a posteriori, mais avant la mise en ligne d’un contenu.

« Celle-ci est soumise à un régime répressif qui n’est mis en œuvre que pour en condamner a posteriori un abus et non pour sanctionner a priori une intention d’expression que l’on présumerait coupable avant même qu’elle ne soit exécutée. Le décret instaure donc une censure des sites diffusant des vidéos : chacun ne doit être responsable que pour ce qu’il a dit et non pour ce qu’il va peut-être dire » explique RSF.

Le projet pourrait entrer en vigueur le 27 janvier prochain, rappelle Reporters Sans Frontières, c’est-à-dire après-demain.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !