La ministre de la Culture Christine Albanel a donné lundi le coup d’envoi du forum d’Avignon, une manifestation qui réunit plus de 250 personnalités françaises et étrangères du monde de la culture, de l’économie et des médias. Elle a été organisée par son prédécesseur Renaud Donnedieu de Vabres, qui a annoncé récemment son intention de travailler dans le privé pour l’industrie culturelle après la fin de sa mission d’embassadeur de la Culture pour la présidence française de l’Union Européenne. Le thème : « La culture, facteur de croissance ».
Dans son discours d’ouverture, Mme Albanel est revenu sur la question du téléchargement illégal et de la riposte graduée. « La révolution numérique a bouleversé les termes du problème de la diffusion et de la distribution des œuvres« , a commencé la ministre. « Certes, elle constitue une chance historique pour l’accès de tous à la culture, en permettant une circulation accélérée des produits de la création. Mais elle menace également de tarir la source même de cette création, en offrant des moyens techniques inédits de contourner les droits des artistes et des entreprises qui les soutiennent. »
« Vous le savez, j’ai présenté voici trois semaines devant le Sénat le projet de loi Création et Internet, projet pour lequel je me bats depuis un an« , a rappelé Christine Albanel face à un auditoire conquis d’avance. « Il a pour ambition de définir un nouveau cadre juridique pour la distribution de la musique, des films, et bientôt de l’écrit, par Internet« . Alors que les opposants au texte de loi estiment que la répression du téléchargement vise à geler un vieux modèle économique qui n’a plus de fondement à l’ère numérique, la ministre pense au contraire que son projet de loi « doit permettre la transition des industries culturelles vers un modèle économique fondé sur le numérique« .
« La diminution sensible du piratage, grâce au changement de mentalité que veut provoquer ce texte de loi en responsabilisant les internautes, est pour moi le pré-requis de toute politique publique en faveur des industries culturelles et des créateurs« , a par ailleurs indiqué Christine Albanel, dans une formulation étrange. N’est-ce pas au contraire lorsque le piratage est à son plus haut, lorsque le préjudice supposé est le plus fort, qu’il faut une politique publique forte en faveur des professionels de la culture ? Dans l’esprit des créateurs, c’est justement lorsque le piratage sera vaincu qu’il n’y aura plus besoin d’aide publique pour compenser les pertes.
Sans doute Christine Albanel a-t-elle voulu dire que la lutte contre le piratage était un préalable à toutes les autres actions publiques en faveur de la culture. Mais parier sur le résultat de cette lutte est extrêmement aléatoire. C’est aussi probablement une perte de temps. On le voit bien avec les accords Olivennes qui ont placé la mise en œuvre de la riposte graduée comme préalable à toute amélioration de l’offre légale, alors qu’il aurait fallu attendre de voir la réaction des internautes face à une offre plus attractive avant de mettre en œuvre une artillerie lourde qui serait peut-être inutile.
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