Il est difficile de décrire le malaise qui nous empare au visionnage de cette interview de Yoel Zaoui, le patron de la banque Goldman Sachs pour l’Europe, repérée par Marianne. Il était interrogé mercredi matin par Jean-Pierre Elkabbach, sur Europe 1. Intervieweur on ne peut plus expérimenté, l’ancien patron de la station et de France Télévisions apparaît sous un rôle qu’on ne lui connaissait pas de manière aussi franche : passeur de plats.

Les évidences sont là, sous nos yeux. Jean-Pierre Elkabbach ne cherche pas à provoquer son invité, à lui tirer les vers du nez… les questions sont ostensiblement préparées, très certainement communiquées à l’avance au patron de la banque, au point que Yoel Zahoui se contente de lire l’une après l’autre les réponses écrites soigneusement sur ses petites fiches. Une fiche par question.

L’intervieweur joue même au ping-pong avec son invité, comme peuvent le faire des chroniqueurs avec les animateurs, lorsque ces derniers relancent une chronique par des questions préparées par les premiers.

Le résultat radiophonique est déjà désastreux de manque de naturel dans les réponses et dans les questions. Mais l’interview met véritablement mal à l’aise lorsque l’on la découvre en vidéo sur le site Internet d’Europe 1. Comment la radio peut-elle garder une certaine crédibilité lorsqu’une interview semble autant préparée à l’avance avec les services de communication de l’invité ?

Europe 1 a été pionnière, d’ailleurs sous la direction de Jean-Pierre Elkabbach, dans la convergence entre la radio et Internet, en équipant les studios de caméras. Cela fait déjà bien longtemps que toutes les interviews sont filmées, et diffusées quotidiennement sur Internet. Comment Europe 1 a-t-elle pu penser que cette interview-là allait passer inaperçu ?


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