Dominé pour le moment par des application propriétaires chinoises, le streaming en P2P se développe lentement mais sûrement en occident. Une équipe de chercheurs sud-américains épaulée en France par l’INRIA vient de publier sous licence libre le code source de GoalBit, une solution complète basée sur BitTorrent.

Mise à jour : Pablo Rodríguez-Bocca est bien uruguayen, et non pas paraguayen comme nous l’avions écrit par erreur. Par ailleurs, ceux qui souhaitent davantage de détails techniques peuvent se référer à ce document (.pdf).

C’est le cauchemar incarné de Canal Plus et de toutes les chaînes de télévision payantes, mais c’est probablement une évolution incontournable du P2P. Alors que nous vous parlions il y a quelques jours des intentions du créateur de BitTorrent de concevoir un protocole très efficace de streaming en P2P, voici qu’un petit nouveau arrive avec des allures prometteuses. Goalbit propose une solution open-source et sous licence libre GPL basée partiellement sur le protocole BitTorrent, dont le logo laisse peu de mystère sur les intentions dissimulées derrière un projet technologiquement neutre : permettre aux fans de football d’accéder gratuitement aux matchs diffusés en direct sur les chaînes payantes.

Le projet est dirigé par Pablo Rodríguez-Bocca, un étudiant uruguayen inscrit à l’université de Rennes, avec notamment le soutien de l’INRIA, très favorable au logiciel libre. En tout, une quinzaine de chercheurs, pour la plupart sud-américains, ont participé au développement du logiciel et du protocole depuis 2006, et publié une collection impressionnante de publications scientifiques sur le streaming en P2P et le contrôle de qualité des flux.

Le réseau fonctionne de manière hybride, pas totalement décentralisée. A la base, un serveur de streaming (qui peut être un utilisateur) envoie aux logiciels clients le contenu du flux vidéo, relayé par les clients eux-mêmes dans une architecture classique de réseau P2P. Ceux qui ont le plus de bande passante montante disponible participent le plus à la diffusion du streaming. En aval, un système de contrôle de qualité du streaming mesure la qualité du flux reçu, et un serveur de contrôle adapte l’architecture du réseau en temps réel pour garantir la meilleure qualité possible sur tous les flux (en faisant logiquement qu’un flux peu visionné, donc normalement peu relayé, bénéficie du relai de « super-peers »).

La diffusion des chaînes se fait ensuite sur le même modèle que les fichiers échangés par BitTorrent. Les utilisateurs peuvent créer une sorte de fichier .torrent (ici avec l’extension .goalbit), annoncer le streaming auprès d’un tracker Goalbit, et diffuser le fichier .goalbit auprès de ceux qui souhaitent regarder le contenu diffusé. Ne restera alors plus qu’aux The Pirate Bay du streaming de se monter, ou aux producteurs TV indépendants d’utiliser le système librement à moindre frais.

Basé sur VLC, Goalbit est capable de recevoir et de transmettre la quasi totalité des codecs audio/vidéo, et d’utiliser toutes formes de signal entrant (DV, webcam, HTTP/MMS/FTP, UDP/RTP, TCP/RTP…). Il est pour le moment disponible sous Linux et Windows, et bénéficie déjà d’une traduction intégrale en français.


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