C’est un phénomène qui inquiète de nombreuses autorités européennes : la Russie mènerait aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, des campagnes de recrutement de jeunes espions à bas coût. La présentation devant le juge, le 25 septembre 2025, de deux adolescents néerlandais soupçonnés d’avoir mené une opération d’espionnage contre Europol à La Haye, vient alimenter les craintes européennes.

Nichés au nord-ouest de La Haye, les locaux monumentaux d’Europol dominent le paysage alentour. Le bâtiment est hautement surveillé, c’est ici que se coordonnent les principales enquêtes criminelles transfrontalières en Europe.

Pourtant, le 16 août 2025, un adolescent de 17 ans aurait bravé toute notion du risque et est accusé par les autorités néerlandaises d’avoir déambulé devant le bâtiment ainsi que celui d’Eurojust et de l’ambassade du Canada avec un « sniffer Wi-Fi » à la main. Ce dispositif, permettant d’identifier les réseaux présents dans les environs, aurait également pu servir à intercepter des données sensibles au passage.

Le jeune homme, ainsi qu’un autre camarade du même âge, ont comparu devant le juge le 25 septembre 2025, tous deux soupçonnés d’avoir agi pour le compte des renseignements russes.

Locaux d'Europol à La Haye // Source : Google Images
Locaux d’Europol à La Haye // Source : Google Images

Recrutés via Telegram

Selon les premières investigations, les deux jeunes auraient été recrutés via Telegram, par des hackers pro-Russes. L’alerte a été donnée suite à des informations transmises par le service de renseignement néerlandais, l’AIVD.

Après quelques semaines d’enquête, les policiers ont interpellé les suspects ce lundi 22 septembre 2025 à leur domicile familial. Leur arrestation s’est faite dans une atmosphère surréaliste pour les proches, déboussolés devant la gravité des accusations et le risque encouru : « Nous élevons nos enfants pour les préparer aux dangers de la vie : cigarette, vapotage, alcool et drogues. Mais pas pour quelque chose comme ça. Qui aurait pu imaginer que cela puisse représenter un risque ? » a déclaré le père de l’un des adolescents arrêtés.

La justice néerlandaise prend l’affaire très au sérieux : l’un des garçons a été placé en détention provisoire pour quatorze jours, tandis que l’autre a été assigné à résidence avec un bracelet électronique. Les suspects nient toute intention politique.

Plusieurs cas suspects en Europe

Du côté d’Europol, on se veut rassurant. L’agence confirme avoir été la cible d’une tentative d’intrusion mais précise que ses systèmes n’ont pas été compromis : « Nous restons en contact étroit avec les autorités néerlandaises et continuons à travailler activement pour gérer tout risque potentiel », a déclaré un porte-parole à nos confrères de Bleeping Computer.

Cette affaire intervient alors que les autorités européennes s’inquiètent. De nombreux adolescents, parfois en quête de reconnaissance ou d’argent facile, pourraient être manipulés à distance, via les réseaux sociaux pour participer à des opérations de cyber-espionnage sophistiquées sans mesurer le danger.

En juin 2025, le ministère lituanien de l’Éducation a alerté toutes les écoles du pays que les services de renseignement russes pourraient tenter de recruter des adolescents pour des activités secrètes. 

Depuis plusieurs mois, le gouvernement allemand, confronté à plusieurs cas suspects, diffuse des campagnes de prévention sur Instagram et TikTok pour alerter les jeunes sur les risques d’être utilisés par des services de renseignements étrangers. Le message est clair : « Ne devenez pas un agent jetable », accompagné d’avertissements sur les conséquences judiciaires et personnelles encourues.

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