La Commission Européenne, qui fait le bilan deux ans après la signature d’un accord visant à protéger les mineurs, estime que les réseaux sociaux ont encore de grands progrès à faire pour éviter notamment que des personnes majeures mal intentionnées puissent les contacter facilement.

La Commission Européenne a publié vendredi les conclusions d’un rapport qu’elle a commandé sur le respect par les réseaux sociaux d’un certain nombre de principes devant rendre leurs services plus sûrs pour les mineurs. L’étude fait suite à la signature, en février 2009, d’un accord « européen pour améliorer la sécurité des mineurs qui utilisent les sites de socialisation ». Il imposait aux éditeurs de réseaux sociaux de :

  • placer sur leur site un bouton « signaler un abus » accessible et simple d’emploi permettant aux utilisateurs de signaler en un seul clic toute conduite et tout contact inappropriés d’un tiers;
  • veiller à ce que les profils et les listes de contacts d’utilisateurs de sites web qui se sont déclarés comme mineurs soient « privés » par défaut.
  • s’assurer que les profils privés des utilisateurs mineurs ne soient pas accessibles (ni directement à partir du site, ni via les moteurs de recherche);
  • garantir que les options de vie privée sont bien visibles et accessibles à tout moment, afin que les utilisateurs puissent facilement déterminer si ce qu’ils diffusent en ligne peut être vu par le monde entier ou par leurs amis seulement;
  • empêcher les enfants trop jeunes d’utiliser leurs services: si un site de socialisation a pour cible les adolescents de 14 ans et plus, il doit être difficile pour un enfant plus jeune de s’y enregistrer.

Dans ses conclusions, la Commission regrette que « sur les neuf sites internet de socialisation examinés dans le cadre d’une nouvelle série de tests réalisés pour le compte de la Commission européenne, deux seulement (Habbo Hotel et Xbox Live) prévoient par défaut que le profil d’un mineur ne soit accessible qu’aux personnes figurant sur sa liste d' »amis »« . De même, Dailymotion et Windows Live sont les seuls services à garantir « que, par défaut, les mineurs d’âge peuvent être contactés uniquement par leurs amis, que ce soit par messages publics ou par messages privés« .

Par ailleurs, sur sept sites,« il ressort des tests qu’une quantité importante d’informations personnelles, y compris des informations ajoutées par l’utilisateur après son inscription, était visible, par défaut, par des utilisateurs n’appartenant pas à la liste d' »amis » du mineur« . Or « ces informations ne permettaient pas nécessairement d’identifier immédiatement le mineur concerné, mais pouvaient y conduire« .

Les neuf services audités entre mars et juin 2011 étaient Dailymotion, Flickr, Habbo Hotel, Stardoll, Skyrock, Windows Live, Yahoo Pulse, YouTube et Xbox Live.

Entre décembre 2010 et janvier 2011, 14 sites avaient déjà fait l’objet d’une analyse similaire (Arto, Bebo, Facebook, Giovani.it, Hyves, MySpace, Nasza-klaza.pl, Netlog, One.lt, Ratee , SchulerVZ, IRC Galleria, Tuenti et Zap.lu).

Selon le rapport de la Commission, six des neuf sites audités dans la dernière vague permettent aux « amis des amis d’un mineur » d’avoir directement accès à son profil. Par ailleurs, même si les sites ne donnent pas directement accès au profil des mineurs, sur leurs pages ou leurs moteurs de recherches, « le simple fait de trouver un blog, une vidéo, une photo, un canal vidéo ou une galerie de photos appartenant à un mineur (au moyen par exemple d’un moteur de recherche externe ou d’un lien envoyé par courrier électronique) permet d’accéder à son profil« , reproche la Commission. Il faudrait donc que les réseaux sociaux interdisent l’affichage du profil du mineur en toutes circonstances, sauf lorsque l’affichage est sollicité par un « ami » accepté par le mineur.

Reste un problème majeur : comment s’assurer que la personne est mineure ? Si le sujet est encore très sensible, parions que viendra un jour sur la table une proposition visant à obliger les sites internet à recueillir l’identité des utilisateurs à travers une identification certifiée, sur le modèle IDénum ou la carte d’identité numérique. En début d’année, la Commission a lancé à ce sujet une consultation publique sur l’identification en ligne.


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