L’intelligence artificielle s’installe partout, y compris dans la musique. Jukedeck est un service en ligne qui propose de générer des morceaux de musique libres de droits grâce à un algorithme. Avec un résultat tout à fait audible.

Mauvaise nouvelle pour les musiciens professionnels qui composent des morceaux sans prétentions sur commande, pour illustrer des petites vidéos commerciales. Une intelligence artificielle est désormais capable de créer un nombre infini de partitions de musique cohérentes, pour créer de la musique libre de droits sur demande.

Le site Jukedeck propose en effet de générer des bandes musicales par une IA qui crée le morceau selon les paramètres fournis par l’internaute : durée du morceau, style musical, ambiance, instruments, rythme… Il suffit de donner quelques instructions de base et le compositeur virtuel se met au travail pour générer une musique téléchargeable à insérer dans ses films ou jeux vidéo.

L’algorithme inveité par des anciens de l’Université de Cambridge crée la musique note par note, accord par accord, selon l’inspiration obtenue par une technique d’apprentissage machine. Celle-ci se sert de musiques crées par l’homme injectées dans la base de données pour en déduire les caractéristiques d’une composition cohérente et agréable à l’oreille humaine, et improviser en fonction.

Voici ici quelques exemples inventés pour nous :

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Certes, la composition musicale générée par l’intelligence artificielle ne rivalise pas encore avec Debussy ou Hans Zimmer, mais elle suffit largement pour ajouter une ambiance musicale à la vidéo d’une présentation d’un produit ou d’une entreprise, ou pour ajouter de la musique libre de droits à ses vidéos personnelles.

Et de toute façon, si le résultat n’est pas satisfaisant, il suffit de cliquer à nouveau pour générer un autre morceau, jusqu’à trouver le bon. Le service est gratuit pour générer et écouter les morceaux, et permet de télécharger 5 chansons par mois gratuitement, exploitable par frais pour tout projet d’une entreprise de moins de 10 employés.

Les entreprises de plus de 10 salariés doivent payer 21,99 dollars par téléchargement, et celles qui veulent s’assurer de la propriété des droits d’auteur pour s’assurer de l’exclusivité du titre doivent payer 199 dollars.

Des droits d’auteur ? Mais de quel auteur ?

Si l’on en croit les conditions d’utilisation de Jukedeck, l’éditeur du site se déclare « auteur » des compositions réalisées par l’intelligence artificielle, ce qui semble peut-être logique aux yeux de l’ingénieur, mais beaucoup moins aux yeux du juriste. Le tout premier article du code de la propriété intellectuelle dispose en effet que pour être protégée au titre des droits d’auteur, une œuvre doit être une « œuvre de l’esprit ». La jurisprudence nous dit que n’est « de l’esprit » que ce qui est original, ce qui porte « l’empreinte de la personnalité » de l’auteur.

Or par définition, une intelligence artificielle n’est pas humaine et ne possède donc pas de personnalité juridique. Elle ne peut pas prétendre à être auteur. Pas plus que ses maîtres ou ses créateurs ne peuvent prétendre être les auteurs de ce que crée leur chose. On retrouve, avec les créations artistiques générées par un ordinateur selon des algorithmes autonomes, le même niveau de difficultés que celui qui se pose aux créations artistiques d’animaux

Souvenons-nous en effet de l’affaire du singe qui s’était pris en photo. Le propriétaire de l’appareil photo qui avait réglé les paramètres de l’appareil se disait titulaire des droits sur le selfie, mais la justice américaine a imposé que l’image soit libre de droits, puisque sans auteur humain.

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