Disponible dans la plupart des pays, Pokémon Go reste toutefois maintenu à l’écart dans certains autres. Si parmi eux, quelques États ont fini par changer de politique, une poignée d’autres risque de ne jamais accepter le jeu vidéo en réalité augmentée à cause de raisons religieuses ou sécuritaires.

Depuis sa sortie 2016, Pokémon Go s’est largement répandu dans le monde entier. Parfois de façon massive : le 6 août, le jeu en réalité augmentée a par exemple été lancé en même temps dans quinze nouveaux pays, tous situés en Asie du Sud et en Océanie, comme Brunei ou le Laos. Mais un an et demi plus tard, certaines nations résistent encore à Niantic, l’éditeur, essentiellement pour des raisons politiques.

Si parmi ces quelques États réfractaires, certains ont fini par changer de fusil d’épaule, à l’image de la Chine et de la Corée du Sud, d’autres continuent d’opposer une fin de non recevoir à l’application. C’est le cas de l’Iran et de l’Arabie saoudite, où les autorités ne cachent pas une certaine hostilité à l’égard du logiciel, brandissant des raisons sécuritaires ou religieuses. Mais aussi de la Corée du Nord.

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La paranoïa iranienne

La géolocalisation fait peur au gouvernement iranien et c’est pour cette raison que Pokémon Go a été interdit dans le pays par le Haut conseil du cyberespace. Niantic étant une entreprise américaine, les autorités craignent qu’elle puisse servir d’outil d’espionnage au profit de Washington. « Parce que ce jeu mélange le monde virtuel et le monde réel, il peut poser beaucoup de problèmes au pays et aux gens en termes de sécurité », explique le procureur général adjoint, Abdolsamad Khoram-Abadi à l’agence Tasnim.

L’application « pourrait devenir un moyen pour diriger des missiles guidés et même causer des problèmes aux ambulances et aux pompiers », ajoute un analyste politique. Difficile de prendre cet argument au sérieux. En cas d’escalade des tensions entre les deux pays, les États-Unis disposent très certainement d’autres moyens d’espionnage plus puissants. En outre, plusieurs Iraniens contournent l’interdiction grâce à des VPN.

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L’Arabie saoudite contre le blasphème

Au début des années 2000, l’Arabie saoudite avait très mal perçu le succès grandissant des cartes Pokémon, considérées comme un moyen d’inciter aux paris qui sont interdits par la religion musulmane. Le pays avait donc édicté une fatwa les interdisant. Celle-ci a été renouvelée lors de la sortie de Pokémon Go.

Les autorités reprochent également à la franchise de favoriser la théorie darwiniste qui s’oppose au créationnisme. On peut en effet lire dans la fatwa que « les enfants utilisent fréquemment le mot « évolution » à l’intérieur et à l’extérieur du jeu ». Les jeux Pokémon sont également accusés de propager une idéologie polythéiste ainsi que des « images de religions et d’organisations sournoises ».

Pokémon Go

Un État coupé du monde

Est-il bien nécessaire d’expliquer les raisons de l’absence de Pokémon Go en Corée du Nord ? Le pays dirigé d’une main de fer par Kim Jong-un depuis 2011, soit un peu moins de cinq ans avant la sortie du jeu, suit la politique implacable fixé par les précédents dirigeants de l’État depuis sa fondation : les contacts avec les nations étrangères sont réduits au strict minimum, voire n’existent tout simplement pas.

La population a un accès limité et encadré aux technologies. Il n’existe aucun opérateur privé dans le pays et toutes les liaisons déjà peu nombreuses avec l’extérieur sont filtrées et surveillées. Certes, il existe des smartphones dans le pays mais il n’est pas possible de communiquer hors du pays. Et l’accès aux applications, services, sites web ou systèmes d’exploitation étrangers est hors de propos.

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En Chine, une législation trop stricte

Nul doute que le pays le plus peuplé du monde intéresse grandement Niantic. Hélas, en juillet 2016, son PDG, John Hanke expliquait à Forbes que l’entreprise doit faire face à une législation locale stricte qui impose diverses restrictions : « techniquement, c’est possible, mais il est difficile d’introduire le jeu en raison de nombreuses barrières, des réglementations que nous devons respecter pour atteindre les utilisateurs ».

Lesdites barrières sont de taille puisque Pokémon Go peut demander à être relié à un compte Google. Or, les services du géant américain ne sont pas autorisés dans l’Empire du Milieu, un obstacle qui a profité à des studios locaux, qui ont cloné le principe de l’application, à l’image de City Spirits Go. Cependant, la situation est en train de changer favorablement pour Niantic : le jeu doit sortir en Chine courant 2018.

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Pas de carte en Corée du Sud

Techniquement, la Corée du Sud est toujours en guerre avec sa voisine du Nord depuis 1950. Aucun traité de paix n’a en effet été signé entre les deux pays et des escarmouches peuvent parfois survenir entre les deux armées. Dans ce contexte militaire tendu et à la demande de Séoul, les cartes de Google Maps ne marchent pas correctement pour éviter de livrer la moindre information à l’ennemi. Or, Pokémon Go fonctionne grâce à ce service et ne pouvait donc pas sortir en Corée du Sud.

Dans un premier temps, les Sud-Coréens ont trouvé un moyen pour pouvoir attraper quand même les petites créatures avec leur smartphone. Pour cela, ils devaient se déplacer jusqu’à Sokcho, une ville située dans le Nord du pays, près de la frontière. En effet, celle-ci a été répertoriée dans une zone autorisée. Une aubaine pour la ville, comme l’a raconté à l’époque l’Associated Press.

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Attrapez-les tous, même en Corée du Sud !

La ville a ainsi vu des milliers de personnes affluer en 2016 pour jouer à Pokémon Go. Les réservations de chambres d’hôtel ont été multipliées par quatre, signe de l’engouement du public pour ce jeu. Mais cette aubaine, qui a convaincu la mairie de Sokcho d’augmenter le nombre d’accès Wi-Fi en libre accès et les stations de recharge pour smartphone, n’a duré qu’un temps.

En effet, Niantic a fini par lancer officiellement son jeu en Corée du Sud au début de l’année 2017. Puisqu’il ne pouvait pas proposer une version fonctionnant avec les cartes de Google Maps, pour des raisons de sécurité nationale, l’éditeur américain a dû composer une mouture entièrement retravaillée avec les services de cartographie locaux et toutes les données accessibles au public.

(article mis à jour le 3 janvier 2018)

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