Le marché noir des places de concert fait le bonheur de certains et le malheur des autres. Un internaute amateur de concerts lance une pétition pour protester contre cette pratique devenue courante lors d’évènements de grande envergure. Mais si le marché noir existe, c’est que l’offre rencontre la demande. Alors, comment lutter contre le phénomène ?

« Ras-le-bol des personnes qui revendent des places au double du prix. » Un amateur de Rage Against The Machine, scandalisé de voir des internautes peu scrupuleux revendre les places de ce concert complet sur eBay, vient de lancer une pétition pour protester contre cette pratique. « Complet en 10 minutes sur les billetteries traditionnelles, il en aura fallu encore moins pour voir pulluler sur eBay des annonces proposant des places au double du prix de base », raconte Emmanuel Poteau, administrateur du webzine Visual-Music.

Le marché noir des places de concert est fleurissant. Alors que la loi interdit formellement de revendre un billet de concert à un prix supérieur à sa valeur faciale, il n’est pas rare de voir « des pseudos tels que ‘meilleuresplaces’ sur eBay […] se targuant ouvertement d’en avoir 5,10, 15 ou 20. »

Le procédé est certes critiquable, mais, plutôt que de reprendre en coeur ce que la bienséance impose à tous de condamner, posons le problème autrement en nous faisant l’avocat du diable. D’abord, en pratique, les revendeurs ne proposent pas systématiquement sur eBay leurs places au double du prix. Ce sont les enchérisseurs qui le font monter. La demande provoque l’offre. Et lorsque le prix de base est déjà fixé au double de la valeur faciale, c’est de toute façon que le revendeur a conscience que la concurrence sera telle que les amateurs n’hésiteront pas à enchérir à cette hauteur. Un gain de temps, en somme.

D’un autre côté, il y a bien évidemment tout un pan des revendeurs qui en font leur profession. La pratique est bien sûr condamnable, et il existe des cellules spécialisées de lutte contre le marché noir. Elles sont le plus souvent dépassées par le phénomène, mais c’est une autre histoire. Aussi condamnables soient-elles, ces pratiques ne naissent pas d’elles-mêmes. Elles sont permises par le système lui-même de vente de places.

Est-il normal, en effet, que des places s’écoulent dans les réseaux de vente dans les dix minutes qui suivent leur mise en vente, et ceci quatre mois avant la date du concert ? Est-il normal qu’un groupe d’une renommée telle que Rage Against The Machine ne fasse qu’une date unique à Paris ? Le groupe a parfois des impératifs, et ne peut pas forcément enchaîner plusieurs concerts avant de partir pour une autre destination. Pour éviter cet écueil certaines salles tentent parfois de casser le marché noir en revendant des places le jour même du concert, mais ça reste toujours assez marginal.

Alors, qui blâmer ? Le groupe, victime de son succès ? Les autorités, confrontées à une pratique volatile ? Les salles, qui ne cherchent pas suffisamment à casser le marché noir ? Les revendeurs, qui, après tout, ne font que profiter d’un système défaillant ? Les fans qui ne s’y prennent pas assez tôt pour acheter leurs places ? eBay, pour ne pas prêter plus d’attention à ce qui se trame sur son portail ?

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