Slyck rapporte que malgré la fermeture de The-RealWorld.de, apparemment due à des pressions judiciaires venues d’Hollywood, les autres sites de liens eDonkey en place n’ont aucune intention d’abandonner leurs activités.

« Les principaux sites d’indexation eDonkey qui survivent ; ed2k-it.com, Shareprovider.com, ShareVirus.com et FuckTheInter.net, sont toujours en ligne et parfaitement fonctionnels« , rapporte Slyck. « En particulier, FuckTheInter.net (FTI) qui a parlé à Slyck.com, assure à la communauté eDonkey qu’ils n’ont aucune intention de partir« .

EViLOPTiC, l’administrateur de ce dernier site au nom des plus poétiques, a même indiqué à Slyck.com son intention d’améliorer son portail de liens eDonkey, qui reçoit déjà plus de 8,5 millions de visites par mois. A titre de comparaison, selon les données Mediamétrie de juillet 2005, le site de la Fnac aurait reçu 3,47 millions de visiteurs uniques et environ 9,7 millions de visites au total. On comprend dès lors que ces sites, qui fleurtent avec les audiences des plus gros groupes, tout en gavant leurs pages de publicités, sont de véritables mannes financières pour leurs auteurs.

On comprend aussi leur volonté de ne pas fermer ces sites, même si ceux du voisin flanchent sous les poursuites judiciaires. Le responsable de FuckTheInter.net croit se protéger en plaçant son serveur dans un pays (inconnu) où les lois ne protègent pas les ayants droits contre ce genre de pratiques. « Toutes [les plaintes que nous recevons] semblent être basées sur les lois des Etats-Unis, donc on peut les ignorer« , veut croire EViLOPTiC. « Ce qui est illégal dans leur pays est plutôt légal ailleurs, puisque FTI ne propose pas de téléchargement direct ni ne prend aucune responsabilité sur les liens proposés« . FTI se veut uniquement un annuaire, et le site refuse même de tagger les noms des fichiers avec l’adresse de FTI, une pratique courante sur les autres sites.

D’un point de vue juridique, la question des liens P2P est extrêmement débattue. Nous avions donné quelques éléments de réponse en janvier 2005 en distinguant URI (les liens P2P) et URL (les liens directs), mais pour le moment aucun procès n’est venu confirmer ou infirmer quelconque analyse.

D’un point de vue moral et économique, la condamnation des sites de liens tels que FTI est sans appel. C’est d’ailleurs en faisant se rejoindre le point de vue économique et le point de vue juridique que la Cour Suprême des Etats-Unis a pu condamner un Grokster qui avait explicitement appelé au piratage en vue d’augmenter le nombre de ses utilisateurs, et donc ses recettes publicitaires.

Toutefois, ces sites illégaux et moralement condamanables sont également les seuls qui offrent aux internautes un lieu unique où trouver chansons, films et logiciels téléchargeables. Aucune alternative légale n’étant pour le moment proposée, d’autres sites illégaux viendront nécessairement combler le vide aussi longtemps qu’il le faudra.

C’est toute la complexité d’un problème qui mettra encore des années à se résoudre.


Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.