C’est le sujet sensible de l’industrie du cinéma, sur lequel s’écharpent en coulisse tous les professionnels pendant qu’en public, ils dénoncent le piratage. La chronologie des médias, qui fixe pour chaque mode de diffusion des films le délai minimum à respecter après la sortie en salle, est en très grande partie responsable du manque de dynamisme de l’offre légale en France. Et rien n’est fait pour la modifier en profondeur et rapidement.
Selon les règles actuelles, les plateformes doivent attendre 3 ans pour diffuser des films dans le cadre d’offres par abonnement (SVOD) similaires à celles que proposent Deezer ou Spotify pour la musique. Il s’agit d’un délai beaucoup trop long pour réunir une offre de films attractive, comme peut l’être celle de Netflix aux Etats-Unis, mais il est imposé pour protéger la position dominante de Canal+ qui reste le premier financier du cinéma en France.
Toucher à la chronologie des médias, c’est toucher à Canal+, et donc toucher aux ressources qui permettent au cinéma français de prospérer. Les négociations sont donc extrêmement tendues, puisque les producteurs veulent favoriser la naissance de nouveaux acteurs susceptibles de diversifier le financement, sans toutefois se fâcher avec celui qui tient actuellement les cordons de la bourse et qui veille comme le lait sur le feu à préserver son quasi monopole sur la diffusion payante des films récents (hors VOD avec paiement à l’acte, qui est soumise à une fenêtre de 4 mois).
De plus en plus pointé du doigt, Canal+ a fait selon les informations des Echos une première concession. Mais une concession minimale qui ne promet pas de rendre les offres de SVOD beaucoup plus attractives, sauf pour les cinéphiles. Il s’agit en effet d’accorder une dérogation pour les seuls films d’art et d’essai qui n’ont pas été préfinancés par une chaîne de télévision, et qui sont sortis en salle avec moins de 30 copies. En 2010, cela concernait 113 films, soit près de 20 % des films (mais la très grande majorité des entrées se sont concentrées sur une partie des 80 % restants).
Ces films-là pourraient être distribués en SVOD après un délai de 22 mois, un an après la diffusion sur les chaînes payantes (comprendre Canal+).
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