Pour ouvrir le festival Automne en Normandie le 12 novembre prochain, le metteur en scène japonais Oriza Hirata convoque sur scène des acteurs humains, dont la comédienne Irène Jacob, pour jouer dans La Métamorphose. Mais le rôle principal est incarné par un robot humanoïde.

Le 12 novembre prochain s’ouvrira le festival de spectacle vivant Automne en Normandie, qui cette année aura pour thème « L’humain e(s)t l’artificiel« . A cette occasion, le Théâtre de la Foudre à Petit-Quevilly accueillera pour l’inauguration une adaptation extrêmement moderne de La Métamorphose de Franz Kakfa, imaginée par le metteur en scène japonais Oriza Hirata.

Rebaptisée « La métamorphose version androïde« , la pièce sera interprétée par quatre acteurs humains (Irène Jacob, Jérôme Kircher, Laetitia Spigarelli et Thierry Vu Huu), et par un robot humanoïde conçu par le professeur Ishiguro, de l’université d’Osaka. C’est ce dernier qui aura le rôle principal de la plus célèbre des nouvelles de Kafka, puisqu’il interprétera une incarnation revue et corrigée de Gregor Samsa, le représentant de commerce qui se réveille un jour dans la peau d’un gigantesque insecte.

Dans la version de Oriza Hirata, Gregor devient Grégoire, et se découvre à sa famille sous les traits d’un androïde. S’engage alors une réflexion, à travers la pièce, sur ce qui fait que l’homme est homme, par rapport à des machines qui en prennent de plus en plus les traits et la capacité de réflexion, et sur les rapports des hommes entre eux. Mais l’optimisme global de la pièce sur l’acceptation de Grégoire cache une réflexion bien plus profonde et inquiétante.

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« Plus les androïdes seront libres, plus la liberté des hommes sera précaire ».

S’il s’agit certainement d’une première en France, cette pièce ne sera pas la première de Oriza Hirata à mettre en scène des robots. Le créateur japonais a commencé dès 2008 à proposer des performances théâtrales associant humains et humanoïdes en s’associant au laboratoire de robotique du professeur Hiroshi Ishiguro. Ce dernier travaille à la conception de robots extrêmement proches de l’Homme, par leur apparence et/ou leur comportement, qui ne sont pas sans rappeler les hubots de l’excellente série TV Real Humans. Oriza Hirata les a déjà plusieurs fois mis en scène, dans le cadre du Robot Theatre Project.

« Quand je travaille avec les robots, j’ai une conscience aiguë de la thèse existentialiste : « L’existence précède l’essence ». Je ne trouve pas que les hommes et les robots soient si différents par essence« , explique le metteur en scène.

« Nous pourrions considérer que le Théâtre avec robots n’est qu’un nouveau genre de marionnettes, car les robots sont des machines et nous sont familiers. Nous observons pourtant que beaucoup de spectateurs ne voient pas dans les robots de simples marionnettes, mais ont tendance à croire qu’ils réfléchissent et se conduisent par eux-mêmes« .

« Si l’on suppose, avec Sartre, que notre liberté se heurte à celle d’autrui, il semble inévitable que les hommes se sentent menacés par l’évolution des androïdes, car plus les androïdes seront libres, plus la liberté des hommes sera précaire (…) Nous, les hommes, sommes des êtres absurdes qui risquons de nous transformer en insectes demain. Nous, les hommes, sommes des êtres absurdes qui ne savons pas distinguer l’homme de l’androïde« .

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