Cette semaine, le Copyright Madness revient sur Disney qui déclenche un tollé pour avoir déposé la marque Hakuna Matata, l’Allemagne qui a décidé de vaporiser son domaine public et encore des accusations de plagiats chorégraphiques à propos du jeu Fortnite. Bonne lecture et à la semaine prochaine !
Copyright Madness
Photogénique. Pour bien finir l’année, l’Allemagne a décidé cette semaine de vaporiser chez elle le domaine public. C’est la conclusion à laquelle arrive une Cour fédérale saisie d’un litige entre la fondation Wikimédia et un musée allemand. Celui-ci s’opposait à ce que des photographies d’œuvres anciennes prises sur son site soient versées sur Wikipédia et les juges lui ont donné raison. Cela revient à dire que de simples photos de tableaux appartenant au domaine public peuvent être considérées comme de nouvelles oeuvres méritant une protection par le droit d’auteur. Qu’est-ce qu’il y a de créatif à se mettre devant un tableau et à le photographier ? C’est le sens même du droit d’auteur que ce genre de décisions de justice insultent en définitive…
Monstrueux. Avec les films Harry Potter, Warner Bros a déjà engrangé une masse d’argent qui donne le vertige. Mais les studios continuent à défendre jalousement leur précieux, parfois jusqu’à l’absurde. Des fans ont lancé sur Kickstarter un projet pour permettre d’acheter le Monstrueux livre des monstres, un grimoire que l’on peut croiser dans Le Prisonnier d’Azkaban. Dans le roman, Il a la particularité d’être couvert de fourrure et de mordre ceux qui l’ouvrent trop précipitamment. Dans la réalité, ce sont les avocats de Warner qui vous sautent à la gorge si vous allez titiller de trop près la propriété intellectuelle de leur maître. Un paradoxe quand on sait que J.K. Rowling elle-même s’est toujours montrée plutôt tolérante vis-à-vis des productions de ses fans inspirées de son univers.
Coup bas. Tous les coups sont permis dans le jeu de combat Tekken, mais les choses sont plus impitoyables encore sur YouTube. Cette semaine, plusieurs chaînes de gamers ont reçu des strikes de la part de Canal+ pour avoir diffusé des vidéos de parties du jeu Tekken. Quel rapport avec Canal+, me direz-vous ? Aucun, si ce n’est qu’une des chaînes du groupe a diffusé elle-même des extraits du jeu dans une émission. Il n’en a pas fallu davantage pour que ContentID, le système de filtrage de YouTube, s’en trouve tout désorienté et commence à bloquer des vidéos aussi vite que les personnes du jeu balancent des uppercuts. Le pire dans tout ça, c’est que le fameux article 13 de la prochaine directive Copyright va imposer et généraliser des solutions de filtrage qui ont toutes les chances d’être aussi délirantes que celle de YouTube…
Célébration. Dans le jeu Fortnite, on peut faire effectuer des pas de danse à ses personnages. Certaines stars, comme des rappeurs, ont déjà reproché aux concepteurs du jeu de s’être un peu trop inspirés de leurs chorégraphies. Cette semaine, c’est Alfonso Ribeiro, l’inoubliable interprète de Carlton dans Le Prince de Bel Air, qui lance une accusation de plagiat à propos de la fameuse danse qu’il effectue dans la série. Mais la notion de plagiat chorégraphique est à manier avec précaution. Lui-même a déjà avoué dans la presse qu’il s’était fortement inspiré d’une danse de l’actrice Courteney Cox dans un clip de Bruce Springsteen, ainsi que de certains pas d’Eddy Murphy. Tout est remix, même sur la piste de danse !
Trademark Madness
Gros souci. Disney est en train de préparer le lancement d’une nouvelle version numérique d’un de ses plus célèbres dessins animés, Le Roi Lion. C’est l’occasion pour la compagnie d’ajouter encore quelques couches de propriété intellectuelle pour se préparer à vendre des produits dérivés à foison. Mais Disney a franchi une ligne rouge en déposant comme marque la fameuse formule, Hakuna Matata, qui sert de titre à l’une des chansons les plus emblématiques du film. Il s’agit d’une expression signifiant « pas de problème » dans la langue kiswahili, parlée dans plusieurs pays d’Afrique, et notamment au Kenya. Une vague de protestation s’est élevée contre ce dépôt de marque assimilé à une tentative d’appropriation du langage courant de la population. Une pétition a même été lancée et elle a recueilli des dizaines de milliers de signatures. A ce rythme, Disney risque de devoir écouter en boucle Hakuna Matata pour oublier cette grosse boulette…
Fulgurant. Aux États-Unis, les équipes de football américain sont réputées pour des dépôts de marque sur tout et n’importe quoi, du moment qu’il y a un peu de cash à se faire. Mais cette semaine, on tient peut-être un nouveau record de rapidité. Le 9 décembre, l’équipe des Dolphins de Miami a remporté une victoire sur les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, au terme d’un retournement incroyable de situation qui leur a permis de coiffer leurs adversaires au poteau par un score de 34 à 33 à la dernière seconde du match. Des commentateurs sportifs ont alors inventé le terme « MiaMiracle » pour immortaliser cet événement. Le 14 décembre, soit 5 jours plus tard, les juristes du club se précipitaient déjà pour déposer une marque, histoire de pouvoir imprimer le néologisme sur quelque t-shirts ! Ce qui serait un miracle, c’est que la fièvre des marques à tout prix finisse par baisser…
Patent Madness
À plat. Il y a quelques années, la guerre des smartphones faisait rage et les constructeurs de téléphones mobiles s’attaquaient tous les uns les autres pour violation de brevet. Cette époque est un peu révolue, mais des escarmouches reprennent parfois sporadiquement. En Allemagne, Apple vient de subir une condamnation problématique. La firme de Cupertino était accusée par Qualcomm de violer un brevet sur un dispositif permettant d’économiser la batterie lorsque l’appareil capte en Wi-Fi. Du coup, Apple va devoir arrêter de vendre ses iPhone 7 et 8 dans tout le pays ! Le plus drôle quand même, c’est d’être condamné pour violation d’un tel brevet, alors que les iPhone sont entrés dans la légende pour leur faible autonomie. Quitte à copier une technologie, autant en prendre une qui marche !
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Merci à tous ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !
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