(CC @PopTech)
La réalisatrice américaine Laura Poitras, qui a remporté l’an dernier l’Oscar du meilleur documentaire avec son film Citizenfour consacré à Edward Snowden, a fait savoir qu’elle portait plainte contre l’administration américaine. Elle lui reproche le harcèlement dont elle a été l’objet pendant plus de 6 ans, de 2006 à 2012, simplement pour avoir fait son travail de journaliste.
Pendant cette période, qui a succédé la diffusion de son film My Country, My Country qui dénonçait la politique américaine en Irak, Laura Poitras a été fouillée, interrogée et détenue à plus de 50 reprises par les autorités aéroportuaires lorsqu’elle traversait la frontière américaine pour rentrer chez elle. Il lui avait alors été expliqué qu’elle était placée sur la liste des personnalités les plus dangereuses, même si aucune poursuite n’avait jamais été engagée contre elle pour le moindre crime ou délit. Régulièrement ses équipements informatiques et téléphones mobiles étaient saisis, et parfois les agents lui interdisaient même de prendre des notes, par exemple pour noter le nom des agents qui la questionnaient.
Le harcèlement a continué des années et s’est arrêté en 2012, après que le journaliste Glenn Greenwald a publié un article sur Salon.com pour dénoncer le traitement dont elle faisait l’objet.
L’an dernier, Laura Poitras a demandé au gouvernement américain de lui fournir les documents expliquant les raisons officielles pour lesquelles elle a fait l’objet de tant d’arrestations, de fouilles et de perquisitions lors de son passage dans les aéroports américains. Mais faute de réponse, sa demande a été réputée rejetée. C’est donc désormais directement à la justice américaine qu’elle s’en remet pour obtenir des réponses et d’éventuelles réparations de son préjudice moral et financier.
Dans son documentaire Citizenfour, Laura Poitras raconte et filme sa rencontre avec Edward Snowden au moment où celui-ci venait de fuir les Etats-Unis et de communiquer à la journaliste des documents ultra confidentiels sur la surveillance opérée par la NSA. Le film s’ouvre sur le traitement particulier dont elle a fait l’objet. Non pas pour s’en plaindre mais pour expliquer que c’est précisément ce traitement qui lui a permis de rencontrer Snowden. Par e-mail, la journaliste demande en effet à Edward Snownden (qui se fait alors encore appeler « Citizenfour ») pourquoi il l’a choisie pour divulguer ses informations. « Je ne vous ai pas choisi. Vous l’avez fait« , répond-t-il, en expliquant qu’elle était une cible identifiée des services de renseignement, précisément parce qu’elle représentait le type de journalistes capables de s’intéresser et de comprendre les problèmes posés par la politique américaine.
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