L'agence d'espionnage allemande a sollicité un budget de 300 millions d'euros sur cinq ans pour mieux espionner les communications sur Internet, avec notamment le déchiffrement des flux HTTPS et la surveillance en temps réel des réseaux sociaux.

Les révélations d'Edward Snowden sur les programmes de surveillance de la NSA n'ont-elles fait qu'alimenter une course aux armements dans l'espionnage numérique, ou est-ce uniquement l'effet de la nouvelle guerre mondiale qui se déroule contre l'islamisme radical ? Comme en France, où le budget militaire dédié à la surveillance des communications explose, l'Allemagne augmente très sensiblement ses dépenses pour espionner ce qui se dit sur Internet, en dehors de ses propres frontières.

Le Süddeutsche Zeitung révèle ainsi que le BND, le service de contre-espionnage allemand, a sollicité auprès d'une commission parlementaire confidentielle 300 millions d'euros de budget à dépenser jusqu'en 2020, pour mettre sur pied son "Initiative de Technologie Stratégique" (SIT, pour Strategische Initiative Technik). Le programme comprend différents axes, dont le déchiffrement de communications HTTPS chiffrées avec le protocole SSL, ou la surveillance en temps-réel de ce qui se dit sur les réseaux sociaux.

Pour 2015, une enveloppe de 28 millions d'euros aurait été débloquée par une commission budgétaire spéciale du Bundestag, qui viendront compléter les 6,22 millions d'euros déjà dépensés par le BND.

Pour éviter d'espionner les Allemands, ce qui est interdit par la constitution, le programme dont le pilote serait lancé dès le mois de juin prochain se concentrera sur les communications en langue non-germanique, excluant tout ce qui sera écrit en allemand — mais la NSA ou d'autres services européens peuvent très bien collecter ce qui se dit en allemand, et le transmettre à leurs homologues dans le cadre des traditionnels accords de coopération qui rendent ces précautions nationales très hypocrites.

Le BND compterait aussi investir 4,5 millions d'euros dans l'interception de trafic HTTPS dans le cadre d'un programme baptisé Nitidezza, dont une partie serait consacrée à l'achat de failles Zero-Day exploitables à des entités privées, comme le fait la NSA qui a ses propres hackers, et ses réseaux d'informateurs.

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