Son cabinet s'était déjà largement vidé pendant l'été, comme s'il anticipait une telle décision. Lundi, alors que Manuel Valls enchaînait les consultations pour former un nouveau gouvernement sans Arnaud Montebourg, la ministre de la culture Aurélie Filippetti a fait savoir au premier ministre et au président François Hollande qu'elle n'était pas candidate à un nouveau poste ministériel. Une manière aussi de se donner l'air d'être actrice d'une décision qu'elle aurait probablement subie de toute façon, tant son bilan à la rue de Valois est vu avec sévérité.
Pour le numérique, le départ d'Aurélie Filipppetti signe certainement l'abandon du projet de transfert des pouvoirs de l'Hadopi vers le CSA, déjà rendu incertain par le calendrier surchargé, et par un parlement qui ne voit pas d'un bon oeil de remettre à l'ouvrage le sujet très sensible du piratage sur les réseaux numérique, sur lequel les contradictions de la gauche pourraient apparaître au grand jour.
Mais le départ d'Aurélie Filippetti pourrait aussi fragiliser durablement le projet du Gouvernement de renforcer la lutte contre le piratage en s'attaquant aux intermédiaires techniques et financiers, comme le suggérait le rapport MIQ commandé par l'ancienne ministre — qui a décoré son auteure.
Tout dépendra sur ce point des vues de son (ou sa) successeur, qui pourrait être Najat Vallaud-Belkacem, déjà candidate au poste lors du précédent remaniement ministériel.
Au ministère de la Culture, l'action d'Aurélie Filippetti pour le numérique ne restera pas dans les annales pour sa cohérence et sa vision. Elle a par exemple rendu les livres plus chers sur Internet, au prétexte de protéger les librairies physiques, et s'est montrée incapable d'autorité sur la question de la chronologie des médias, préférant menacer Netflix et la neutralité du net.
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