Manu Larcenet, auteur de la série de bandes dessinées Blast, a décidé de fermer son blog qu’il alimentait régulièrement de dessins depuis plusieurs années, énervé de voir que ses travaux étaient copiés sans ménagement.
« Je voulais mettre là des images que vous n’auriez pas l’occasion de voir, des crayonnés, des essais, des photos, bref, tout ce qui nourrit ma manière de faire« , explique l’artiste dans son dernier billet. « La seule « règle » que je demandais de respecter était de ne pas copier les images pour aller les mettre ailleurs, persistant dans l’idée que leur place est ici, dans le décor que j’ai conçu, à ma manière, et que les regarder dans un autre environnement changeait radicalement non seulement leur esthétique, mais aussi leur sens (…) Or, force est de constater que beaucoup se sont servis ici pire qu’au Macdo, y compris même des « journalistes » !« .
Droit moral contre culture du remix
Plus que la copie réalisée sans rémunération, c’est la violation de son « droit moral » qui lui semble insupportable. C’est le fait que sur Internet, en pratique à défaut d’être en droit, les créations des uns peuvent être reprises et modifiées pour être exploitées par les autres, dans un tout autre contexte, sans égard pour l’auteur qui a créé l’oeuvre première. Et sans égard pour l’oeuvre elle-même, qui n’est plus que matière première d’une oeuvre collective en création continue.
C’est la culture du remix, qui devient consubstantielle à Internet, et qu’un auteur qui s’estime profondément « propriétaire » de sa création ne peut ni comprendre, ni encore moins accepter. C’est une forme agnostique de croyances (pas si) anciennes, qui voulaient qu’une oeuvre appartient nécessairement à la collectivité tout entière puisque personne ne peut s’approprier ce qui émane de Dieu à travers ses serviteurs.
« Ces gens pensent sans doute que ces image n’ont pas de valeur, qu’on peut les détourner, les maltraiter, qu’on peut en faire ce que bon nous semble. C’est oublier que chaque image affichée ici est un bout de mon chemin. Je sais à quel point ça sonne romantique et tout, mais c’est pourtant, en ce qui me concerne, l’exacte vérité. J’avais déjà tenté d’expliquer ça, dans un texte, il y a quelques temps… Mais apparemment, ça n’a pas été compris« , se lamente Manu Larcenet.
« Cette propension du moment à penser que tout est à disposition, que tout est à tous, sans réserves, sans distinction, sans précautions, me rend taré. Mes images, me sont précieuses. C’est du travail et de l’émotion« .
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