Lorsque les parlementaires ont adopté la loi Hadopi malgré l'opposition très forte des internautes, c'était avec l'idée naïve que les menaces de suspension de l'accès à internet ne seraient envoyées aux abonnés qu'à partir du jour où des solutions techniques seraient proposées aux internautes pour leur permettre de sécuriser leur accès à internet. En effet, puisque la loi Hadopi ne condamne pas le piratage lui-même mais le fait ne pas avoir empêché quelqu'un de pirater à partir d'un accès à internet, l'article L331-25 du code de la propriété intellectuelle impose que l'Hadopi envoie ses avertissements accompagnés d'une information "sur l'existence de moyens de sécurisation permettant de prévenir" les actes de piratage.
Or cette obligation n'a jamais été respectée par la Haute Autorité, qui a préféré passer en force et ignorer le fait que la loi lui demande de rendre "publiques les spécifications fonctionnelles pertinentes que ces moyens (de sécurisation) doivent présenter". Depuis octobre 2010, l'Hadopi a envoyé plus de 1,6 millions de mails aux internautes, sans jamais leur dire concrètement comment éviter d'être à nouveau pris à défaut. Il suffit d'ailleurs de se rendre sur le site officiel de l'Hadopi pour voir que les conseils de sécurisation sont très légers. "L'essentiel est d'avoir des mots de passe personnels selon les utilisateurs, de protéger votre connexion wifi par une clé WPA2 et d'installer des logiciels qui vous permettent de contrôler, si vous le souhaitez, ce qui se passe sur votre accès à internet", indique la Haute Autorité. Elle s'en remet aux "outils et services de sécurisation existants sur le marché", même s'ils n'ont légalement aucune légitimité.
Et justement, l'éditeur de logiciels antivirus McAfee a obtenu un brevet publié jeudi dernier sur un système visant à "détecter et empêcher la consommation illégale d'un contenu sur Internet". L'un des problèmes étant que les internautes n'ont pas toujours conscience de frauder, la solution de McAfee – qui est une extension à son logiciel SiteAdvisor – vise à prévenir l'internaute chaque fois qu'il clique sur un lien qui le conduit vers un téléchargement ou un streaming illégal. S'il fait par exemple la recherche d'un film sur Google, tous les résultats seront examinés par McAfee, qui signalera les liens illégaux à partir d'une "liste noire" secrète hébergée sur un serveur distant. Et le logiciel proposera à la place des liens officiels, garantis légaux par les ayants droit, piochés dans une "liste blanche".
Dans la plus pure philosophie de l'Hadopi, la solution de l'éditeur américain a donc pour double intérêt d'empêcher (ou dissuader) les utilisations illégales, et de promouvoir l'offre légale lorsqu'elle est disponible.
Lors des débats sur la loi Hadopi, la ministre Christine Albanel avait expliqué qu'elle voulait exactement ce type de systèmes, avec en plus un mécanisme à la Big Brother pour savoir quand l'internaute avait choisi de désactiver le logiciel de sécurisation et d'outrepasser ses consignes.
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