Dans sa dernière intervention publique en tant que président du CSA, Michel Boyon a estimé que l'institution devait évoluer pour réguler les "contenus audiovisuels privés" publiés sur Internet. De quelques dizaines de stations TV et radio, le CSA passerait à la régulation de l'expression de millions de citoyens.

Ce n'est pas une surprise pour qui voit le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) avancer progressivement ses pions pour devenir le régulateur d'Internet en France, à la faveur de sa fusion avec l'Arcep. Le CSA, qui a toujours eu pour mission de réguler les contenus diffusés par les chaînes de télévision et les stations de radio, au nom de l'intérêt public, veut désormais avoir la possibilité de réguler les contenus créés et diffusés par le public lui-même. Au nom de la confusion croissance entre spectateur et diffuseur, le CSA dessine ainsi le retour à un régime de censure étatisée.

En effet, dans son dernier discours en tant que président du CSA, rapporté par la Correspondance de la Presse et relayé par PC Inpact, Michel Boyon a mis les pieds dans le plat après s'être essuyé les chaussures sur la liberté d'expression. "Il est impossible que nous ne répondions pas à un souhait croissant des opinions publiques française et européenne, qui aspirent à une régulation des contenus audiovisuels privés sur internet", a-t-il ainsi plaidé, en oubliant de rappeler que c'est le CSA lui-même qui attise la peur de l'opinion publique.

Interrogé par nos confrères, le CSA précise que Michel Boyon vise les "contenus individuels non commerciaux", comme les vidéos de particuliers "en libre accès sur YouTube".

Outre la traditionnelle "protection de l'enfance", le CSA dit aussi vouloir lutter "contre le racisme, l'antisémitisme", et "contre les appels à la haine et à la violence". Des domaines qui ne demandent pas de la régulation, mais de la sanction judiciaire.

En novembre 2012, le CSA avait relancé sa campagne anxiogène de spots TV, demandant aux parents d'être "tous responsables face aux écrans", internet et jeux vidéo compris (alors qu'ils ne sont pas encore dans le champ de compétences de l'institution). Dès 2010, Michel Boyon avait dit son souhait de créer une signalétique des contenus diffusés sur les sites de vidéo en ligne, avec des labels du type "- 16", "-12", etc., pour indiquer l'âge minimum du spectateur. Et son souhait de rendre obligatoire le filtrage de ces contenus avec les logiciels de contrôle parentaux, lesquels devraient eux-mêmes devenir incontournables dans les box des FAI (voire obligatoires).

"Il ne s’agit pas d’interdire à vos enfants d’utiliser internet (…) Il faut simplement veiller à ne pas les laisser sans contrôle devant un ordinateur, un smartphone ou une tablette connectés", expliquait le CSA l'année dernière.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.