Selon les constats de la Commission Européenne, 98,5 % des films du patrimoine cinématographique européen seraient encore enfermés dans des placards ou rangés dans des boîtes en carton. Bruxelles veut accélérer leur numérisation, pour transmettre ces films aux générations futures et étendre l'offre légale disponible sur Internet, y compris sur les bibliothèques publiques gratuites.

Le 26 août 2006, la Commission Européenne avait adopté une résolution sur "la numérisation et l'accessibilité en ligne du matériel culturel et la conservation numérique", qui appelait les Etats membres à élaborer des stratégies pour conserver (et au besoin restaurer) les films sous forme numérique, de façon à ce qu'ils puissent être transmis aux générations futures. Six ans plus tard, la Commission dresse le constat que "seulement 1,5 % du patrimoine cinématographique européen est numérisé", sans même parler de leur mise en ligne.

"Il est ridicule que notre patrimoine cinématographique soit invisible au 21ème siècle", critique Neelie Kroes, la Commissaire européenne en charge de l'agenda numérique. "La culture est au cœur de l'Europe, et le cinéma est au cœur de la culture. Je suis déterminée à apporter cet héritage cinématographique en ligne et ferai une proposition en 2013 qui aidera les États membres et les parties prenantes à unir leurs forces pour obtenir des films en ligne", promet-elle.

Pour le moment, la Commission n'avance aucune piste concrète pour débloquer la numérisation des 98,5 % de films qui ne sont pas encore numérisés, et qui menacent de disparaître à tout jamais, comme ce fut le cas de 90 % des films muets. Elle indique toutefois que les propositions tourneront d'abord autour du financement conjoint public-privé, et du soutien de technologies de numérisation moins coûteuses.

Enrichir le catalogue des vidéothèques publiques en ligne

Elle ajoute que les solutions viendront aussi de déblocages sur les questions de droits d'auteur. Mais pour le moment, pas question de dresser la menace d'une directive de type "oeuvres indisponibles", qui obligerait les producteurs à livrer les versions numérisées de leurs films en catalogue sous peine de perdre leurs droits d'exploitation, et de voir ces films reversés précocement dans le domaine public. Comme elle l'a indiqué mardi dans une communication plus large sur les questions de droit d'auteur et d'offre légale sur Internet, la Commission mise d'abord (douce utopie) sur des solutions négociées entre industriels et ayants droit.

Outre les sites de VOD, qui seraient les premiers bénéficiaires de la numérisation des films, la Commission espère aussi enrichir la bibliothèque numérique Europeana, ou des sites d'initiative privé comme Europa Film Treasures, qui bénéficie d'un financement européen.

A noter que cette année, la France est le seul état membre européen à ne pas avoir répondu au questionnaire de la Commission sur le patrimoine cinématographique. Le CNC indique sur son site internet qu'il existe un dispositif d'aide sélective à la numérisation des oeuvres cinématographiques. Le film Shoah, de Claude Lanzmann, est celui qui semble avoir bénéficié de l'aide la plus importante : 150 000 euros.

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