Voilà qui rajoute à la liste désormais impressionnante des irrégularités commises dans le dossier MegaUpload. Mais celle-ci risque d'avoir des répercussions politiques, bien au delà de la simple affaire qui secoue l'ancien site d'hébergement de fichiers.
Lundi, le premier ministre de Nouvelle-Zélande, John Key, a fait savoir dans un communiqué officiel que le fondateur de MegaUpload Kim Dotcom avait été illégalement espionné par le GCSB, le Bureau de la sécurité des communications, sorte d'équivalent néozélandais des services de la DGSE ou de la CIA. Le GCSB est chargé d'opérer les écoutes jugées nécessaires pour la sécurité nationale, en principe uniquement à l'encontre des puissances étrangères.
John Key a indiqué qu'il avait demandé l'ouverture d'une enquête sur "les circonstances de l'interception illicite des communications de certains individus", en lien avec l'affaire MegaUpload. Les écoutes avaient été opérées sans les autorisations nécessaires. Il a ajouté que la Couronne, c'est-à-dire l'Etat, a informé la justice de l'illégalité des écoutes opérées contre Kim Doctom et ses associés, qui avaient conduit à leur arrestation.
Le premier ministre néo-zélandais assure qu'il n'a été informé des écoutes illicites que le 17 septembre 2012, c'est-à-dire lundi dernier, par le directeur du GCSB. Il n'a pas été en mesure d'expliquer à la presse pourquoi il ne l'a pas su avant, alors que les arrestations ont été réalisées il y a neuf mois, en janvier 2012. John Key dit avoir été "choqué" de découvrir les écoutes illicites, mais ne pas pouvoir en dire davantage sur l'origine des écoutes et leurs conséquences judiciaires.
Cet épisode, de loin le plus grave, vient compléter un tableau déjà chargé. La police néo-zélandaise, qui a collaboré avec le FBI pour arrêter Kim Dotcom et fermer MegaUpload avant-même que MegaUpload ne soit déclaré illicite, avait réalisé illégalement la saisie des biens de Kim Dotcom, en utilisant un mandat de perquisition irrégulier. L'organisation-même d'un procès a été mise en doute par le juge, qui craint un vice de procédure dans les options juridiques retenues par l'accusation. Par ailleurs, l'opération musclée réalisée pour arrêter Kim Dotcom a été dénoncée (et montrée en vidéo) pour son caractère disproportionné.
Depuis plusieurs mois, le fondateur de MegaUpload accuse le gouvernement néo-zélandais de s'être rendu complice des lobbys culturels et du gouvernement américain, qu'il juge corrompu.
Le GCSB, qui a réalisé les écoutes illicites, fait partie du réseau de surveillance ECHELON, mis en place par les Etats-Unis avec la collaboration de la Grande-Bretagne, du Canada, de l'Australie, et de la Nouvelle-Zélande.
Réagissant au communiqué du Premier ministre néozélandais, Kim Dotcom a salué l'ouverture de l'enquête, mais demandé qu'elle s'étende à l'ensemble de la procédure visant MegaUpload.
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