Soucieux de défendre leur institution, deux des neuf membres du collège de la Haute Autorité ont réagi dans la presse aux récents propos de la ministre de la culture, qui compte réduire le budget de l'Hadopi. Pour Jacques Toubon et Franck Riester, le bilan que tire Aurélie Filippetti de l'action de la Haute Autorité est injuste et masque le rôle de l'institution dans la baisse du piratage et le développement de l'offre légale.

Les membres du collège de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet n'entendent pas laisser leur institution être la cible de toutes les critiques sans coup férir. Alors que la ministre de la culture Aurélie Filippetti a porté un jugement sévère sur le bilan de l'Hadopi, annonçant au passage une diminution de ses crédits, Jacques Toubon et Franck Riester sont montés au créneau.

Dans un entretien accordé à France Info et relevé par PC Inpact, l'ancien ministre estime que la critique d'Aurélie Filippetti "est une erreur". "L’argent que le contribuable a mis en quelque sorte dans la Hadopi a servi d’une part à faire diminuer le téléchargement illégal et d’autre part à faire qu’aujourd’hui il y a de plus en plus de plateformes numériques qui offrent des livres numériques, de la musique, des films et des vidéos dans des conditions légales".

Avec l'arrivée de la Hadopi, le niveau des échanges sur les réseaux P2P a connu plusieurs fluctuations. Si l'institution estime que le trafic est en baisse, il s'avère délicat d'en avoir la certitude. Les usages se sont adaptés à cette nouvelle donne, avec une migration de certains internautes vers des services de streaming et de téléchargement direct.

D'autres en revanche se sont tournés vers l'offre légale, en témoigne par exemple le succès de Deezer et de Spotify. Le succès d'iTunes et la fréquentation de certaines plates-formes montrent que le téléchargement dans un cadre légal a également évolué positivement, même si les causes ne sont pas claires. Sans parler des comportements hybrides, mêlant piratage et consommation légale.

Reste que l'offre n'est pas encore assez développée pour Jacques Toubon. Par ailleurs, il estime qu'il faut confier "à la Hadopi les pouvoirs d'une véritable autorité de régulation ce que la loi ne nous a pas permis de faire jusqu’à maintenant. Aujourd’hui, nos moyens sont extrêmement limités parce que la loi a été à mon avis trop frileuse  en ce qui concerne le développement de l’offre légale".

Un avis que Franck Riester, qui a été le rapporteur des lois Hadopi à l'Assemblée nationale, pourrait faire sien, puisque lui aussi trouve injuste la position de la ministre à l'égard de l'autorité publique.  Et le fait savoir dans une dépêche AFP reprise par le Parisien.

L'institution "a tenu ses promesses, sur trois points : la labellisation des sites aux pratiques légales sur Internet , la mise en œuvre de la mission d'Emmanuel Hoog pour le développement de la musique en ligne, et la riposte graduée, qui a produit des effets", a-t-il déclaré.

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