Après avoir déclassé beaucoup de comparateurs de prix concurrents, et mis en avant son propre service sur ses résultats de recherche, Google se prépare à faire payer les marchands qui bénéficient d’une bonne exposition de leur catalogue sur Google Shopping.

L’an dernier, Google a déployé une mise à jour très importante de son moteur de recherche, surnommée « Google Panda », qui avait officiellement pour objectif d’éliminer les pages présentant le moins de plus-value pour les internautes. Officieusement, surtout en Europe, ce sont les comparateurs de prix qui ont le plus souffert de Panda, en voyant soudainement leurs pages êtres déclassées des résultats proposés aux internautes.

L’effet fut si brutal que Twenga, l’un des leaders du marché, avait dû licencier 50 personnes en France. Beaucoup d’autres sites, ayant basé directement ou indirectement leur modèle économique sur la comparaison de prix, ont eu aussi une baisse soudaine de leur chiffre d’affaires (disclaimer : Numerama propose son propre comparateur de prix). En Europe, où plus de 90 % des internautes utilisent Google comme leur moteur de recherche quotidien, subir un déclassement peut être dévastateur. Or Google fait preuve à cet égard d’un comportement totalement irresponsable.

En soit, le fait que Google diminue la visibilité des comparateurs de prix a été une décision bénéfique pour les internautes, qui étaient nombreux à se plaindre de la répétition des mêmes listings de prix sans valeur ajoutée sur toutes les pages de résultats. Mais sous le prétexte de mieux servir les internautes, Google a surtout tué ou fragilisé une concurrence qui gênait l’ascension de son propre comparateur de prix, Google Shopping.

Pour s’assurer le leadership sur le marché et capter les flux financiers, le service américain a procédé par étapes.

Il a d’abord sorti son propre comparateur de prix en se servant de sa puissance de frappe pour le rendre incontournable. Google Shopping a ainsi été mis en avant dans le haut des résultats du moteur de recherche, alors qu’il n’offre aucune valeur ajoutée par rapport aux autres comparateurs de prix déclassés par Google Panda, voire offre un service inférieur. Par ailleurs, alors que les comparateurs concurrents doivent faire payer aux marchands leur indexation pour assurer leur viabilité économique, Google a proposé pendant très longtemps aux marchands de figurer gratuitement sur Google Shopping. Le service est offert à pertes, en étant indirectement financé par les autres activités du groupe. Une attitude de bulldozer similaire à celle qui lui a valu d’être condamné pour l’API de Google Maps, dans une décision qui a souvent été mal comprise.

Et maintenant que Google Shopping est devenu incontournable pour les marchands, qui ne peuvent se permettre de ne pas être référencé sur le comparateur de prix le plus visible, Google a décidé de les faire payer. Le site spécialisé Abondance rapporte en effet que Google a annoncé que les résultats proposés aux internautes sur Google Shopping seraient bientôt un mélange des résultats les plus pertinents et des pages pour lesquelles les marchands acceptent de payer une enchère.

« Il s’agit là d’un mélange des genres qui ne satisfera pas obligatoirement le consommateur, puisque les résultats de Google Shopping ne se baseront plus, désormais, sur la seule pertinence « neutre » des offres proposées et un risque de confusion important entre « payant » et « gratuit » sera ainsi introduit« , note Abondance, qui constate que Google trahit pour la première fois le principe instauré à ses débuts : toujours séparer la publicité du service de base.

« La boîte de Pandore pourrait ainsi être ouverte et appliquée à d’autres outils de Google. Et pourquoi pas à son moteur de recherche, ce qui serait bien sûr une catastrophe si on pouvait acheter aux enchères son placement dans les résultats naturels du moteur. Difficile de l’imaginer, mais sait-on jamais ?« .

Le mois dernier, la Commission Européenne a demandé à Google de changer de comportement à l’égard des services dont la visibilité dépend pour partie de la qualité de leur référencement sur le moteur de recherche. Mais la procédure contre l’abus de position dominante de l’Américain pourrait encore durer très longtemps.

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