Ahmet Arslan, le ministre de la Communication turque, a annoncé que la Turquie était en train de développer son propre moteur de recherche et son service e-mail, lors d’une interview télévisée vendredi dernier. Notamment, le projet a l’objectif de fournir un « service compatible avec la culture et les valeurs nationales » et de stocker les données des utilisateurs turcs, sans l’appui d’entreprises étrangères. Néanmoins, le gouvernement n’a pas encore révélé le nom et la structure de l’entreprise qui gérera cette nouvelle tâche.
D’après l’un des journaux officiels turcs, la Resmi Gazete, cette initiative ferait partie d’un plan étendu pour la nationalisation des services de télécommunication, notamment ceux qui ont déjà des acteurs très largement utilisés, comme Gmail et Google. En effet, d’après Arslan, le pays devrait encourager à diffuser les compétences et les connaissances concernant les technologies au sein des jeunes générations. À vrai dire, le gouvernement a aussi le projet ambitieux d’exporter son futur système dans d’autres pays et marchés pour « l’analyse de données étrangères ».
Ainsi, la Turquie se rapproche de la Russie ou de la Chine, qui luttent déjà depuis longtemps contre les entreprises internationales du web, de Google à Facebook. Les sites internet d’Amazon, de PayPal et d’Ebay sont déjà bloqués dans le pays, tandis que Facebook, Twitter et YouTube sont constamment ciblés par la censure du gouvernement, notamment en ce qui concerne la politique et l’information.
Et selon une étude dirigée par le chercheur Sung Wook Ji de l’Université de l’Illinois du Sud, créer des moteurs de recherches nationaux apporte des bénéfices économiques considérables. L’étude souligne notamment que « le développement d’un moteur de recherche national peut mener à une hausse des revenus de la publicité en ligne. Un pays avec son propre moteur de recherche peut avoir une hausse de 0.018 % du […] PIB des publicités en ligne par rapport à un pays sans ce genre de plateforme. »
Le développement d’un moteur de recherche national peut porter à une hausse des revenus de la publicité en ligne
Reste à savoir comment la Turquie souhaite imposer et contrôler cet outil, qui, à n’en pas douter vu le passé du pays en la matière, ne sera pas neutre. L’état pourrait en effet profiter de ces outils nationaux pour asseoir sa main-mise sur ses administrés et pratiquer la censure à tour de bras. Avec un outil comme une boîte mail, si les conversations ne sont pas chiffrées, la Turquie aurait également accès à des communications précieuses.
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