Steve Jobs a beau avoir rendu son dernier souffle au début du mois d’octobre 2011, ce n’est pas pour autant que la politique restrictive d’Apple en matière de publication de contenus a disparu avec lui. Trois mois après le décès du fondateur et PDG de la firme de Cupertino, la diffusion des applications sur l’App Store est toujours aussi verrouillée et contrôlée, même lorsqu’il s’agit de simples magazines et journaux.
Le dernier exemple en date a été mis en lumière par Gizmodo. Le site web s’étonne de la politique à géométrie variable du groupe américain à l’égard des contenus ayant une connotation sexuelle. En effet, Apple a limité l’accès au dernier numéro du magazine scientifique espagnol Muy Interestante tandis qu’il a donné son feu vert pour la dernière publication de Cosmopolitan, célèbre titre de la presse féminine dont la portée est mondiale.
Or, il s’avère que le dossier de Muy Interestante sur le sexe apparaît plus mesuré que celui traité par Cosmopolitan. En effet, dans le premier il est question des « mythes et réalités à propos du pénis » tandis que le second aborde deux grands sujets : « 50 positions coquines » et « votre autre point G« . Les deux titres sont déconseillés au moins de douze ans, mais ils n’ont pas reçu le même traitement de la part d’Apple.
Comme le souligne Gizmodo, les raisons qui ont poussé Apple à considérer le sujet de Muy Interestante comme étant plus osé que les deux dossiers de Cosmopolitan sont assez mystérieuses. Est-ce parce le processus de vérification a bloqué sur le terme « pénis » et pas sur les mots « positions« , « point G » ou « coquines » ? Ou parce que la couverture du titre espagnol présente un homme nu, le sexe masqué par ses mains ?
Face à l’intransigeance d’Apple, Muy Interestante a fait une nouvelle modification de sa couverture. Il est désormais question des « mythes et réalités concernant ce membre éminent« . Reste à savoir si ce changement permettre au magazine d’éviter une classation 16+ ou 18+ ou, pire, un rejet de la plate-forme. Pour l’heure, Apple n’a pas encore donné son avis.
Il est néanmoins déplorable que Muy Interestante soit contraint d’adapter son contenu pour satisfaire la frilosité d’Apple sur le thème du sexe, alors qu’en parallèle un magazine ayant une très grande audience semble franchir les filtres de l’entreprise américaine sans aucune difficulté alors même que les deux dossiers sont plus connotés.
Cette affaire n’est de toute façon pas la première. En 2010, le magazine américain Esquire avait lui aussi trébuché au moment de la soumission d’un de ses numéros. La couverture de l’époque révélait le ventre de l’atrice Minka Kelly, tandis que l’application intégrait une vidéo les courbes séduisantes de Beau Garrett en maillot de bain ou en petit short.
Dès 2008, les premiers ennuis ont commencé à se faire connaître. La firme américaine avait ainsi éjecté une BD numérique jugée trop violente. Un an plus tard, l’entreprise avait refusé une le classique indien Kâmasûtra, pour ensuite l’accepter sous la pression de la presse britannique. Même une bête publicité avait été un motif pour mettre en garde un journal. Sans parler de l’affaire ayant touché le lauréat du prix Pulitzer.
Face au risque de se retrouver pieds et poings liés à Apple, certains titres ont décidé de prendre leurs distances. C’est le cas de Charlie Hebdo, qui ne veut pas se faire censurer, ou du Financial Times, pour des raisons économiques et pratiques. Car un titre dépendant économiquement d’une firme osera-t-il s’en prendre librement à celle-ci ? C’est plus risqué qu’on ne le croit.
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