Les utilisateurs qui stockaient des fichiers légaux sur MegaUpload n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. C’est, en résumé, la position du département de la justice. Un porte-parole a expliqué que le site n’avait jamais été conçu pour un tel usage et que le risque de suppression ou d’indisponibilité des fichiers avait été clairement mentionné dans les conditions d’utilisation de MegaUpload.

C’est une fermeture à laquelle personne ne s’attendait. La semaine dernière, les autorités américaines sont parvenues après un an de préparation à mettre un terme aux activités de MegaUpload et à interpeller dans la foulée les principaux responsables du service d’hébergement de fichiers en un clic. Craignant de subir le même sort, de nombreux sites concurrents ont alors détruit sans crier gare l’ensemble des contenus hébergés.

Si les politiques et les ayants droit ont été nombreux à se féliciter de la disparition de MegaUpload, rares ont été les observateurs à plaindre les internautes qui utilisaient la plate-forme dans un cadre strictement légal et non pas pour télécharger le dernier album à succès. Or les serveurs de MegaUpload étant désormais inaccessibles, ce sont parfois de précieuses sauvegardes qui ont été perdues.

Quelques jours après l’arrêt de MegaUpload, des témoignages de ce genre ont rapidement fleuri sur Internet. Bien entendu, ces internautes espèrent légitimement que les autorités américaines se montreront précautionneuses avec les serveurs et leur permettront de réaccéder par la suite à leurs données personnelles. C’est en tout cas le souhait de beaucoup d’entre eux.

Près de cinq jours après la déconnexion de MegaUpload, il est toutefois très improbable de penser que les fichiers légaux stockés sur le site d’hébergement soient restitués. C’est en tout cas l’information rapportée par Digital Trends, qui indique avoir reçu un mail d’un porte-parole du département de la justice. Selon ce dernier, la perte de données ou leur inaccessibilité faisaient partie des risques normaux d’un tel service.

Dans son courrier, le porte-parole a souligné que la durée de conservation des fichiers stockés sur MegaUpload dépendait de leur activité, ou plus exactement de leur popularité. Un contenu qui n’était jamais téléchargé finissait par disparaître bien vite, tandis que les documents régulièrement rapatriés sur l’ordinateur cible pouvaient durer très longtemps.

Dès lors, les archives personnelles étaient les plus susceptibles de disparaître puisque – par nature – ils n’intéressaient qu’un nombre limité de personnes (pour ne pas dire qu’une seule personne). En revanche, les fichiers d’œuvres contrefaites étaient, eux, très populaires. Comme ils étaient téléchargés régulièrement par de nombreux internautes, ils avaient donc une très bonne durée de vie.

« En réalité, MegaUpload a clairement informé les utilisateurs de cette spécificité à travers la Foire Aux Questions (FAQ) et ses conditions d’utilisation« . Les internautes « n’ont aucun doit de propriété sur aucun des fichiers stockés sur les serveurs de MegaUpload, ils assument le risque de perte ou d’indisponibilité de leurs données et que MegaUpload peut mettre un terme aux activités du site sans préavis« .

Le porte-parole a également ajouté que contrairement aux services de cloud computing classiques, MegaUpload a bâti son modèle économique sur la distribution de fichiers d’œuvres contrefaites. La réputation sulfureuse de MegaUpload aurait dû pousser les internautes souhaitant héberger des contenus légaux à opter pour un autre service et à multiplier les sauvegardes sur divers supports.

Au regard de ces différents éléments, il serait donc vraiment très suprenant de voir les autorités américaines remettre en marche, même partiellement, MegaUpload pour permettre aux utilisateurs de récupérer leurs documents personnels. Surtout que pour faire le tri entre fichiers piratés et fichiers légitimes, il faudrait très probablement que les autorités regardent les contenus, ce qui pourrait soulever encore d’autres problèmes.

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