Google déploie un nouveau label dédié au fact checking pour son portail d’actualité Google News. A priori ouvert à tous, il est attribué si certains critères établis par la firme de Mountain View sont respectés. L’une des recommandations est toutefois curieuse.

C’est l’un des avatars du journalisme contemporain. Face à la désinformation sur les réseaux sociaux et soucieuses de vérifier en temps réel (ou presque) les affirmations du personnel politique, les rédactions ont commencé à mettre en place un processus de vérification des faits — le fact checking — afin de démonter les rumeurs et contrer les mensonges qui circulent en ligne et dans les médias.

En France, le fact checking est surtout incarné par l’équipe des Décodeurs du Monde et par la rubrique Désintox de Libération. L’exercice n’est pas évident : faire émerger la vérité exige parfois plus qu’un simple coup de tampon « vrai » ou « faux ». Il y a parfois des nuances, des interprétations. Surtout, le fact checking n’est pas à l’abri de faire des erreurs ou de se montrer approximatif.

Malgré tout, cette approche a beaucoup de succès. Il suffit de voir l’importance qu’a prise la rubrique des Décodeurs sur Le Monde et l’intérêt qu’a Google pour ce travail qui se concentre uniquement sur les faits et les données. La firme de Mountain View souhaite labelliser les articles de fact checking sur Google News afin que les lecteurs puissent mieux identifier ce type de papier.

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Le label sur Google News.

Comment obtenir ce label ? Il y a évidemment un marqueur à ajouter sur l’article se présentant comme un sujet de vérification des faits, afin que que Google News puisse identifier la nature du papier. Mais surtout, il y a un certain nombre de critères établis par Google à respecter. Ces critères donnent la définition de ce que Google considère comme étant du fact checking.

Parmi les points à respecter figurent le fait que « l’analyse doit être transparente sur ses sources et ses méthodes, avec des citations et des références aux sources primaires » et que « l’organisation doit être non-partisane, avec une transparence sur son financement et ses affiliations ». La forme du papier doit aussi répondre à certaines exigences générales, du titre jusqu’à la mise en forme.

examiner plutôt une série d’affirmations au lieu de cibler une seule personne

« Les titres des articles doivent indiquer qu’une affirmation est en train d’être vérifiée, dire les conclusions qui ont été tirées ou simplement indiquer que le contenu de l’article est du fact checking ». Google poursuit en expliquant que « les allégations et les vérifications doivent être facilement identifiables dans le corps du texte ». On suppose que cela va du plan à la mise en page, en passant par l’exergue.

« Les lecteurs doivent pouvoir comprendre qu’est-ce qui a été contrôlé et quelles sont les conclusions qui ont été atteintes », continue Google. Rien d’anormal : c’est quand même le but du fact checking.

Plus étrange, la firme de Mountain View recommande que le papier « examine une série d’affirmations figurant dans la zone du sujet, au lieu de cibler une seule personne ou entité ». Or, nombre d’articles ont tendance à se focaliser sur un ou des propos tenus par un individu en particulier. Il arrive que des papiers plus généraux soient rédigés, mais tout dépend en fait de ce qui se produit dans l’actualité.

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Le fact checking se focalise parfois sur une personne.

S’il s’adresse prioritairement aux rédactions puisque le principe du fact ckecking est une tendance qui est apparu d’abord dans la presse anglo-saxonne, Google ne semble pas réserver ce marqueur aux seuls sites de presse. En tout cas, aucune mention explicite ne dit que le marqueur est réservé aux médias classiques. Potentiellement, cela veut dire en creux que les blogueurs ou les sites institutionnels peuvent l’obtenir aussi.

Le label n’a rien d’obligatoire. Si les critères fixés par Google ne conviennent pas à la façon de faire des rédactions, elles peuvent toujours ne pas l’employer. Leurs articles resteront toujours référencés sur Google News. Toutefois, le souci est manifeste : ils risquent de ne pas être autant mis en avant que les sujets étant labellisés. Pour avoir de la visibilité, les rédactions récalcitrantes pourraient être contraintes de revoir leurs positions.

Pour l’instant, le label proposé sur Google News ne concerne que les versions américaine et anglaise de Google News, aussi bien la version web que la  déclinaison mobile avec iOS et Android. Mais l’on devine sans peine qu’il sera bientôt étendu aux autres moutures du portail web d’information du géant américain. Il s’ajoutera alors aux autres labels que l’on peut déjà voir, comme « éditorial », « article de fond » ou « cité à de nombreuses reprises ».

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