Le fait que les autorités françaises ont refusé d’accueillir l’ancien président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, moins par rejet de sa politique que par crainte des réactions internes et internationales, n’efface pas ce qui a été l’attitude de la France avant l’ultime journée du règne de Ben Ali. Le Parti Pirate, notamment, n’oublie pas que la France a proposé son aide à la Tunisie pour contrôler les émeutiers, plutôt que de condamner les atteintes graves à la liberté d’expression des tunisiens.
Dans une lettre ouverte à Michèle Alliot-Marie, le Parti Pirate français révèle qu’il avait contacté le ministère des affaires étrangères le 6 janvier 2011, pour lui communiquer des documents obtenus « de façon sécurisée et fiable« , qui témoignaient de la gravité des évènements. « Nous suivions l’évolution depuis plusieurs semaines déjà, par l’intermédiaire de correspondants sur place dont certains ont fondé le Parti Pirate Tunisien« , rappelle la formation politique qui défend le respect des libertés numériques.
Mais « au lieu de profiter de cette opportunité vous vous êtes exprimée sur le sujet à l’Assemblée Nationale le 12 janvier – soit six jours après que nous vous ayons signifié qu’un ressortissant franco-tunisien était probablement détenu dans les geoles de la police tunisienne« , s’indigne le Parti Pirate. C’est ce jour-là que Michèle Alliot-Marie a déclaré à l’Assemblée Nationale qu’il ne fallait pas « s’ériger en donneur de leçons« , et qu’elle a proposé « que le savoir-faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité, permette de régler des situations sécuritaires de ce type« . Ignorant totalement les atteintes aux droits de l’homme, la France proposait par par la voix de MAM d’aider à les étouffer encore.
« De sources sûres nous savons que huit personnes ont été détenues et torturées en dépit du respect de la Constitution tunisienne et des traités internationaux signés par la Tunisie. De sources sûres nous savons que les morts, au sein de la population, se comptent par dizaines alors que leur seul crime a été de manifester leur désaccord avec le pouvoir en place« , assure le Parti Pirate.
« Vous donnez l’image indécente d’une France qui soutient ces actes. En ne les condamnant pas fortement, vous donnez l’image honteuse d’une France qui cautionne ce qui se passe dans les rues de la Tunisie !« , poursuit-il. « Madame, au nom des principes démocratiques qui sont à la base de ce pays et par respect pour le peuple Tunisien, nous vous demandons de présenter des excuses publiques à celui-ci et de prendre une position ferme quant à monsieur Zine el-Abidine Ben Ali afin de permettre son retour en Tunisie pour qu’il y soit jugé« .
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