On peine à en croire nos yeux. Dans un article du Figaro, la présidente de la Commission de Protection des Droits (CDP) de l’Hadopi, celle-là même qui défend une riposte graduée sans preuve, se fout ouvertement de la gueule des citoyens qui lui font parvenir ses observations. Il n’y a pas d’autres expressions, qui témoigne de la colère qui nous anime à la lecture de tels propos :
Dans les coulisses de l’Hadopi, quelqu’un rit. C’est une magistrate, qui parcourt, une par une, les missives envoyées par les internautes pincés pour avoir « emprunté » un titre de musique ou un film d’un clic de souris. « C’est vrai, j’ai téléchargé l’épisode de cette série », commence un monsieur, dans une longue lettre. On l’imagine mortifié. « J’ai dû le faire. J’avais suivi toute la saison. J’étais mordu. Mais je n’ai pas pu voir cet épisode. Impossible de le récupérer sur le site de la chaîne » , poursuit la magistrate, lisant la lettre du repenti. « Je sais que je n’aurais pas dû. Je m’engage à ne plus recommencer. Mais, s’il vous plaît, laissez-moi télécharger encore le dernier épisode de la série » . « Beau, non ? » , tente la magistrate Mireille Imbert-Quaretta, avant de reprendre : « Le pire, c’est qu’il ne le savait pas mais on l’avait repéré pour le téléchargement illégal… d’un morceau de musique ! »
Elle cite ainsi plusieurs exemples de justiciables, pour s’en moquer. « Il est impossible que j’aie téléchargé un morceau dudit Noah. Mon mari sait combien je ne l’apprécie pas« , proteste une accusée. « Plus sobre, mais visiblement naïf, un jeune homme, jure qu’il pensait qu’à 6 heures du matin… les agents de l’Hadopi dormaient ! C’est pourquoi il avait mis son réveil, pour télécharger à l’aube, UN morceau ce jour-là, lorsque le mail de l’Hadopi s’était abattu dans sa messagerie, comme un coup de baguette sur les doigts« , raconte encore, amusé, le Figaro.
Il n’y a pas de mot pour décrire une telle insolence, dont PC Inpact note à juste titre qu’elle est contraire au devoir de réserve et à la déontologie des magistrats, un corps auquel appartient Mme Mireille Imbert-Quaretta.
De tels propos passeraient mieux, peut-être, s’ils ne venaient pas s’ajouter à l’insoutenable riposte graduée qui est elle-même un foutage de gueule permanent, fondé sur un processus automatisé et incontrôlé. Les rires de Mme Imbert-Quaretta ne viennent pas là par hasard, sous l’effet d’un verre de champagne encore trop présent après les fêtes de Noël. Ils viennent justement démontrer qu’avec les excuses « bidons » des justiciables, il ne peut être opposé que l’Hadopi accuse à tort des innocents. Mais il faudra plus que des rires et des citations de courriers anonymés pour le démontrer.
Ah ! tu finiras bien par hurler, misérable !
Encor tout haletant de ton crime exécrable,
Dans ton triomphe abject, si lugubre et si prompt,
Je t’ai saisi. J’ai mis l’écriteau sur ton front ;
Et maintenant la foule accourt, et te bafoue.
Toi, tandis qu’au poteau le châtiment te cloue,
Que le carcan te force à lever le menton,
Tandis que, de ta veste arrachant le bouton,
L’histoire à mes côtés met à nu ton épaule,
Tu dis : je ne sens rien ! et tu nous railles, drôle !
Ton rire sur mon nom gaîment vient écumer ;
Mais je tiens le fer rouge et vois ta chair fumer.
(L’Homme a ri, Victor Hugo)
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