C’est à croire qu’ils n’apprennent rien de leurs leçons, ou pire sans doute pour la démocratie, qu’ils s’en fichent car ils savent que ça reste tout de même un moyen efficace d’arriver à leurs fins auprès des parlementaires. Régulièrement dès qu’il s’agit de défendre un texte pour porter atteinte aux libertés des citoyens en prenant comme prétexte la défense des artistes, des organisations d’industries culturelles publient des pétitions fabriquées, où l’on découvre que certains noms prestigieux n’ont pas signé.
C’est de nouveau le cas aujourd’hui avec la pétition envoyée discrètement par l’Association de Producteurs de Cinéma et de Télévision (Eurocinéma) à l’ensemble des députés européens, pour peser sur le vote du très controversé rapport Gallo. En effet, immédiatement après que nous avons publié la liste, la Quadrature du Net et plusieurs autres organisations de défense des internautes en Europe, dont la Nurpa en Belgique et le Parti Pirate, ont pris l’initiative d’enquêter sur la sincérité de la liste d’une centaine de réalisateurs soi-disant signataires.
Ils ont immédiatement découvert d’abord des curiosités, comme une sur-représentativité de réalisateurs hongrois, alors que l’industrie du cinéma n’est pas des plus productives en Europe. Ils forment environ 1/3 des signatures. Ils ont aussi vu qu’il y avait beaucoup de fautes dans la transcription des noms. Et ensuite eu des soupçons sur certains d’entre eux, comme László Kovács, qui semble bien avoir décédé en 2007, ou Krzysztof Krauz, qui aux dernières nouvelles est hospitalisé en Afrique du Sud pour une grave maladie.
Certains noms sont tout simplement introuvables sur les moteurs de recherche, et d’autres présentent une inactivité depuis au moins 10 ans. Etrange qu’ils se réveillent au moment d’une pétition.
Mais uniquement soupçonné jusque là, le bidonnage a été avéré dans la soirée. Contactés par Amelia Andersdotter, membre du PiratPartiet qui travaille au Parlement Européen, les réalisateurs hongrois Ibolya Feteke et Janisch Attila ont assuré qu’ils n’avaient rien signé du tout.
L’épluchage de la liste des 300 autres noms fournis par l’IFPI n’a pas encore démarré, mais nous avons remarqué quelques curiosités. Notamment la présence d’artistes québecois dans une pétition signée par des « artistes européens », ou la présence de Michel Sardou qui a publiquement défendu le piratage.
Ca n’est probablement pas un hasard si la pétition est arrivée dans les boîtes des parlementaires la veille du vote. Sans doute les organisations pensaient-elles que les noms ne pourraient pas être vérifiés d’ici demain. Elles ont eu tort, et il faut espérer que les parlementaires soient nombreux à s’en agacer.
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