La députée Muriel Marland-Militello refait parler d’elle. Dans une tribune libre publiée aujourd’hui dans Libération, l’élue UMP estime que la liberté d’enquêter ne doit pas être sans limite. L’occasion pour la parlementaire de revenir sur l’affaire Woerth / Bettencourt et sur son traitement partial et médiocre par une certaine presse, qui en serait à oublier sa propre déontologie.

L’affaire Woerth / Bettencourt est décidément une excellente occasion pour quelques personnalités politiques de tancer la presse, notamment celle qui a choisi de se porter sur Internet ou d’y naitre, comme Mediapart. Preuve en est, la députée UMP Muriel Marland-Militello s’est fendue d’une tribune publiée aujourd’hui dans Libération (sur abonnement) pour fustiger ce qu’elle considère comme une « servitude à la surenchère médiatique« .

Bien sûr, avant de rentrer dans le vif du sujet, Muriel Marland-Militello rappelle à l’envie qu’elle a toujours défendu la liberté de la presse. Bien sûr, la députée UMP nous rappelle le rôle essentiel que joue la presse dans toute société démocratique. Et bien sûr, l’élue de la nation soutient l’idée d’une presse indépendante et disposant de ressources suffisantes pour travailler. Mais toute cette liberté ne peut pas s’appliquer au détriment de celle d’autrui. Au risque, dit-elle, de voir les médias plonger dans un malheureux travers : les « excès de liberté« .

« La déontologie des médias est l’un des garants de la qualité de la presse et partant, de sa pérennité. En effet, une presse sans foi ni loi, qui recherche le scoop à tout prix, nivelle par le bas la qualité des contenus ; cette qualité des contenus est pourtant l’essence même de la presse française » explique-t-elle. Selon la députée UMP, « avec l’émergence des nouveaux médias, ce phénomène délétère […] finira par rendre la presse inutile« .

Et Muriel Marland-Militello de s’interroger : « pourquoi cette levée de boucliers dès que l’on ose parler de la presse ? Pourquoi recourir frénétiquement aux mots « censure », « encadrement », « régulation », quand il s’agit simplement de rappeler des règles et de défendre la vraie liberté de la presse ? Un élu de la nation ne peut-il pas parler librement de la presse sans être caricaturé, sans être diabolisé ?« , en référence à la polémique survenue quelques semaines plus tôt.

Début juillet, l’élue avait annoncé sur son site web vouloir « déposer prochainement une proposition de résolution » afin de rappeler « solennellement des grands principes qui fondent notre République« . À l’époque, la députée UMP avait fustigée l’émergence d’une « certaine conception de la presse » qui irait justement à l’encontre de ces grands principes.

Bien évidemment, les contempteurs de Muriel Marland-Militello noteront que la députée a surtout réagi au moment où un membre de sa famille politique est plongé dans une histoire aux allures d’affaires d’Etat. Et de rappeler qu' »une certaine partie de la presse ait quelque peu oublié sa déontologie habituelle« , en ne respectant pas la présomption d’innocence « d’un ministre porteur d’une réforme majeure« .

Il est assez intéressant de voir Muriel Marland-Militello rappeler à l’ordre la presse dans son ensemble, en citant les grands principes de la République. Un an auparavant, la députée UMP soutenait et votait une loi honteuse qui balayait justement cette même présomption d’innocence et portait un rude coup à la liberté d’expression. Une loi qui allait finalement être jugée inconstitutionnelle par l’instance suprême chargée de contrôler la conformité des lois à la constitution de cette même République.

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