Le 29 octobre dernier, le directeur exécutif de Sony Pictures, Michael Lynton, publiait une tribune dans le Times Online pour dire tout le mal qu’il pensait du peer-to-peer. Dans celle-ci, le dirigeant expliquait que le piratage sur Internet causait des ravages sur l’industrie cinématographique américaine, « siphonnant des milliards de dollars« . Pour remédier à ce fléau, la seule solution était encore de généraliser la riposte graduée partout dans le monde, afin de réinjecter de l’argent dans le circuit et sauver le septième art.
« Le vol numérique siphonne des milliards de dollars. Cela veut dire qu’il y a moins d’argent pour faire des films. Les projets sont réduits tandis que d’autres sont abandonnés. Certains blockbusters ne seront pas terminés. Des nouveaux scénaristes, acteurs ou réalisateurs ne seront pas découverts » avait arguméneté Michael Lynton, précisant que « l’année dernière, les principaux studios d’Hollywood ont produit 162 films. C’est quarante de moins qu’en 2006… le score le plus bas de la décennie« .
Une vision que nous avions alors trouvé bien incomplète, puisqu’en cinq ans, le nombre total de films réalisés aux États-Unis a presque doublé, passant de 567 en 2004 à 1 177 cette année.Alors certes, les revenus annuels n’ont pas forcément augmenté d’année en année, mais ils ont eu le mérite d’être relativement stables. Et puis honnêtement, le plus important ici est de constater la bonne vitalité de l’industrie du cinéma américain. Le nombre de films ayant doublé en cinq ans, la culture semble plutôt en bonne forme… et c’est bien là l’essentiel.
Pourquoi alors s’agiter de la sorte ? Devait-on comprendre que le pamphlet de Michael Lynton traduisait surtout une grande frustration de devoir partager (un peu) le gâteau des recettes avec d’autres studios de cinéma, moins mainstream ? C’est vrai qu’on a tendance à oublier que le monde du cinéma va au-delà d’Hollywood et de ces grands studios que sont Universal, Warner, Paramount, Sony ou encore 20th Century Fox…
Et puis ces jours-ci, Sony Pictures annonce candidement que le studio a établi un nouveau record au Box Office international… 1,63 milliards de dollars. La compagnie a donc pulvérisé son record précédent, daté de 2006, en établissant un nouveau record. C’est Jeff Blake, l’un des hauts responsables de la société qui a annoncé la nouvelle.
Sony Pictures peut donc être fier d’avoir réalisé une excellente année. Mais il est assez hypocrite de venir pavaner avec ce nouveau record alors qu’il y a encore quelques semaines, le CEO du studio nous expliquait encore que le piratage était en train de détruire la profession… C’est à se demander pourquoi l’industrie du divertissement demande l’aide des gouvernements du monde entier pour défendre son modèle économique. Il a l’air plutôt bien portant.
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