C’est une des conséquences possibles de la loi Hadopi dont on ne mesurera qu’à long terme l’importance, peut-être dramatique pour la sécurité nationale. Si la loi est efficace et conduit de nombreux internautes à adopter des réseaux de partage de fichiers cryptés pour se mettre à l’abri des chasseurs de pirates, la détection des comportements les plus suspects en matière criminelle pourrait devenir un véritable calvaire pour les services de renseignement. La NSA, l’agence de sécurité nationale américaine, avait déjà fait peur de ses inquiétudes, et voilà que le célèbre MI-5 britannique lui emboîte le pas.
Selon le Times, les agences de lutte contre le crime en Grande-Bretagne voient d’un très mauvais oeil l’intention du gouvernement d’imiter la stratégie française en matière de lutte contre le piratage. « Ca va rendre les poursuites plus difficiles parce que ça va considérablement augmenter la charge de travail« , s’inquiète ainsi un agent. « Les barbouzes détestent ça« , confesse une autre source impliquée dans la rédaction du projet de loi qui sera présenté le mois prochain aux parlementaires. « Ils pensent que ça va rendre la surveillance plus difficile« .
Pourquoi ? Un employé d’Orange spécialisé dans la sécurité des réseaux l’avait expliqué en mai dernier. « Le bon père de famille va prendre l’habitude de chiffrer toutes ces données même de messagerie grâce à des logiciels toujours plus puissants et de plus en plus faciles à utiliser, avec en plus une recherche d’anonymisation plus forte grâce à des réseaux de type TOR ou I2P encore plus faciles d’accès (…) Les communications très majoritairement chiffrées vont faire passer l’état d’Internet de difficilement contrôlable à totalement incontrôlable« . Avant, « seuls certains chiffraient leur communication, après que l’on est écarté les entreprises, les sites bancaires et e-marchand, il ne restait pas « grand monde » à vérifier« .
Mais après l’Hadopi, lorsque « toutes les communications sont cryptées, comment séparer le bon grain de l’ivraie ?« .
Plus prosaïquement, les échanges de données criminelles (terroristes, pédophiles, antisémites…) qui étaient auparavant facilement détectées et déchiffrées, grâce à un volume réduit, risquent de se retrouver noyées sous un flot de données chiffrées qui ne seront qu’échanges de films et de musique.
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