S’il y a bien un sujet high-tech sur lequel la France et l’Allemagne se retrouvent en ce moment, c’est bien dans leur farouche opposition à la bibliothèque numérique de Google. Successivement, la ministre de la Justice allemande Brigitte Zypries, puis le ministre la culture français Frédéric Mitterrand ont fait savoir en des termes choisis qu’ils n’étaient pas favorables aux ambitions européennes de Google Books. Dimanche dernier, ce fut au tour de la chancelière allemande Angela Merkel de se saisir du dossier, l’occasion pour elle d’exprimer son inquiétude du projet massif de l’entreprise américaine.
Du côté américain, cette résistance est assez incompréhensible. Si les Européens se donnaient les moyens de numériser plus rapidement leurs ouvrages, sans doute que le Vieux Continent serait moins attractif pour Google. Or justement, la numérisation en Europe n’avance pas bien vite. Du moins, pas aussi vite que le souhaiterait la commissaire européen chargée de la société de l’information et des médias, Viviane Reding.
Celle-ci a en effet déclaré que l’Union européenne devait accélérer la numérisation des livres numériques. Sinon, à quoi bon de s’opposer à Google ? « L’Europe devrait saisir cette opportunité de prendre le leadership, et de s’assurer que la numérisation des livres se déroule dans un cadre reposant sur le droit d’auteur européen, tout en respectant entièrement la diversité culturelle européenne » a ainsi déclaré la politique, dans un communiqué.
« L’Europe, qui a un riche héritage culturel, a beaucoup à offrir et à gagner avec la numérisation des livres. Si nous agissons rapidement, des solutions européennes très compétitives pourraient être mises en place très vite« .
Car le principal problème porte sur la conception différente du droit d’auteur entre les Européens et les Américains. Le droit moral est une spécificité du droit d’auteur qui n’existe pas dans les pays du common law, comme aux États-Unis. Dans la mesure où Google est une société outre-Atlantique et basée en Californie, c’est une source d’inquiétude très grande pour les ayants droit européens.
Une vision qui a visiblement du mal à être comprise en Amérique. Comme le note Mike Masnick sur Techdirt, si l’Europe veut numériser son histoire littéraire, le moyen le plus rapide est de laisser Google gérer ce processus. Rien n’empêche ensuite l’Union européenne de conduire des projets séparés pour être en totale adéquation avec sa législation. D’autant plus que Google a une grosse longueur d’avance dans ce domaine qu’il sera délicat de rattraper.
« En quoi est-ce moral de maintenir tout un tas de livres « hors-ligne » et inaccessibles » se demande Mike. L’Union européenne semble freiner des quatre fers sur la route du progrès. Et selon Mike, le progrès n’est nullement immoral. Reste à voir si les l’Union européenne se donnera les moyens de ses ambitions…
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