La député UMP et rapporteur pour avis du projet de loi Création et Internet, Muriel Marland-Militello, pense avoir été victime à son tour d’une attaque DDoS. Après avoir assuré que « le terrorisme cybernétique ne gagnera pas » en s’adressant aux hackers qui ont attaqué le site de propagande pro-Hadopi jaimelesartistes.fr, son blog a été subgermé de visites et de commentaires d’internautes. Elle a alors décidé de supprimer temporairement son billet, le temps de le vider de tous ses commentaires et de le remettre en ligne.

L’anecdote aurait pu en rester là, mais elle est révélatrice de la manière de penser des défenseurs du projet de loi Création et Internet, qui font peu de cas du poids politique des protestations des internautes. « La démocratie n’exige pas pour un député d’avoir un site, encore moins de permettre aux internautes de laisser des commentaires sur celui-ci« , explique la député à ceux qui lui reprochaient d’avoir fermé sur son blog toute possibilité de dialogue sur la riposte graduée. « Ce qui compte en démocratie ce ne sont pas les internautes plus ou moins facilement identifiables derrière leurs pseudos, ce sont les concitoyens« , ajoute-t-elle.

Les internautes ne seraient donc pas des concitoyens, ou pas des concitoyens de même respectabilité que ceux qu’elle croise chaque dimanche au marché. Alors que nous sommes à l’ère de Facebook où les internautes dévoilent sans difficulté leur nom, leurs photographie et leur vie sociale, Muriel Marland-Miltello en est restée aux années 1990 où l’anonymat général donnait l’illusion d’une frontière étanche entre le virtuel ou le réel. Pour la député, Internet est un univers parallèle, habité par des individus qui y oublient l’éducation qu’ils ont reçu dans le monde réel.

« Internet n’est pas le monde réel en effet« , note-t-elle. « Dans le monde réel ceux qui téléchargent illégalement de la musique iraient-ils voler un CD dans un magasin ? Les personnes qui prennent visiblement un certain plaisir à saturer mon site (les représentants de la Nation lisent aussi les forums…), se ligueraient-elles à 100 contre une personne pour l’attaquer dans la rue ?« , demande-t-elle. « C’est justement la raison d’être de ce projet de loi que d’expliquer aux internautes qui ont ce genre de comportements dans le monde numérique que ce n’est pas parce que cela se passe sur internet que c’est moralement moins grave…« 

Mais quelle différence fondamentale y a-t-il entre un groupe d’internautes qui bloque l’accès à un site par des attaques DDoS et un groupe de pêcheurs qui bloquent l’entrée aux ports pour exiger des aides au gouvernement (qu’ils ont reçues), ou des taxis qui bloquent l’accès aux aéroports et aux centre-villes pour demander le rejet de toute déréglementation de leur profession (ce qu’ils ont obtenu) ? Sur Internet, les concitoyens utilisent les mêmes moyens de pression que dans « la vie réelle ». Sans prendre en otage la population civile, ce qui est probablement un progrès plus qu’une régression.

« Je suis naturellement ouverte au dialogue. C’est d’ailleurs pour que ce dialogue puisse avoir lieu que j’ai permis les commentaires sur mes articles« , assure Muriel Marland-Militello. « En revanche un dialogue de sourd est une perte de temps, qui n’apporte rien au débat« , ajoute-t-elle toutefois, après avoir fermé les commentaires sur son site.

Ca n’est plus être sourde, c’est se faire aveugle.

(merci au concitoyen badzack pour l’info)

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !