Toute la presse s’en est émue, à juste titre. Un adolescent de 15 ans est mort dans sa chambre début décembre, suffoqué par un sac plastique qu’il avait entouré de ruban adhésif. Les autorités de police du Finistère ont conclu qu’il s’agissait simplement d’un accident, et non pas d’un suicide. Un fait divers, tragique, comme tant d’autres. L’affaire aurait pu s’arrêter là, mais les médias s’en sont emparés. Parce que c’est en regardant une vidéo sur Internet que l’adolescent a eu cette idée mortelle. L’occasion était trop belle pour rappeler les dangers d’Internet au moment où la presse pousse le gouvernement à imposer des labels de confiance aux sites web.
Selon le capitaine de la compagnie de gendarmerie de Landerneau, le jeune homme a été retrouvé devant « une vidéo spécifique où une femme asiatique jouait à un jeu dangereux amenant à la suffocation avec un sac plastique sur la tête« . Il s’agissait d’une « scène de violence à laquelle il s’est identifié, un peu comme dans le jeu du foulard« .
De tous temps, les adolescents ont eu des comportements à risques qui participent à la construction de leur identité. Que ce soit par l’usage de drogues, la conduite acrobatique d’un scooter sans casque, ou la pratique de sports extrêmes. Pour certains la prise de risque est plus importante que pour d’autres, ou moins consciente. L’adolescent, par définition, se construit en tentant des expériences, parfois stupides, parfois dangereuses. Or Internet étant au coeur de la vie des adolescents d’aujourd’hui, il est naturel de voir le réseau se planter dans le décor de certains faits divers tragiques qui les touchent directement. Internet n’est pas pour autant à l’origine de ces comportements à risques.
Ceux qui militent pour un contrôle accru d’Internet au nom de la protection de l’enfance ont cependant sauté sur l’occasion pour rappeler les dangers du réseau. L’association e-Enfance, qui milite auprès de la Commission Européenne pour imposer des filtres sur les sites web 2.0 comme YouTube, a ainsi réitéré ce matin son appel au filtrage. Comme si un quelconque système automatisé pouvait reconnaître l’utilisation dangereuse d’un sac plastique et marquer la vidéo, alors qu’ils peinent déjà à reconnaître les contenus piratés.
Si Internet a sa part de dangers, comme la société tout entière, les internautes participent à son auto-régulation de manière relativement efficace, sans toutefois parvenir à éviter tous les drames. La vidéo qu’a imité le jeune internaute avait été retirée avant-même que les autorités ne demandent son retrait, sans doute grâce aux alertes déclenchées par les internautes eux-mêmes.
Invitée ce matin de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, l’association e-Enfance a tout de même reconnu que la meilleure prévention contre les risques liés à Internet étaient dans l’éducation. Il faut apprendre aux adolescents que se mettre un sac plastique sur la tête pour s’empêcher de respirer est rarement une bonne idée, même quand elle est montrée sur Internet. Ca devrait suffir.
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