DivX a-t-il jeté Stage6 aux poubelles pour des questions d’égo surdimensionné ? Alors que l’éditeur du célèbre codec vidéo a annoncé fin février la fin du site de streaming de vidéo plébiscité par des millions d’internautes, TechCrunch affirme que les raisons de la fermeture sont tout sauf les raisons économiques avancées. Chronique d’un gâchis amer.

« Stage6 a commencé comme une expérience et nous avons toujours su qu’il y avait un risque que ça ne marche pas« , écrivait un employé de DivX sur la page d’accueil de Stage6 pour expliquer la fermeture du service de vidéo en ligne, le mois dernier. Problème, il semble que le site ait en fait marché (il recevait 17,4 millions de visiteurs par mois), et que les raisons de son abandon ne soient pas à chercher du côté des difficultés économiques supposées du site. C’est en tout cas ce qu’explique Michael Arrington sur Techcrunch.

Stage6 avait été lancé par DivX fin 2006, juste avant son introduction en bourse, pour démontrer les capacités techniques de son codec face au format Flash d’Adobe. Très vite, le site a réuni des millions d’utilisateurs conquis par la qualité des vidéos sans comparaison possible avec le format utilisé sur YouTube, Dailymotion et l’ensemble des sites de streaming vidéo. Le co-fondateur et directeur de DivX, Jordan Greenhall, a alors compris qu’il tenait une perle dans ses mains, et a cherché les moyens de valoriser Stage6 auprès d’investisseurs. Deux scénarios ont alors été étudiés. Soit revendre Stage6 au meilleur prix, soit créer une filiale de DivX et trouver des investisseurs pour miser sur le « spin-off« .

En novembre, la banque d’investissement en charge du dossier a bien fait son travail et monté un dossier en or pour Stage6. Un ensemble d’investisseurs étaient prêts à mettre ensemble 27 millions de dollars sur la table pour financer le portail vidéo, et DivX gardait 20 % des parts et la quasi totalité des ressources opérationnelles du site, qui ne sont pas anecdotiques. En effet pour profiter de Stage6, les utilisateurs devaient installer le lecteur DivX qui embarque une barre d’outils Yahoo, rémunérée par le moteur de recherche. Sur 16 millions de dollars reversés en 2007 à DivX par Yahoo, 50 % seraient issus des téléchargements du player sur Stage6. Soit une manne annuelle de 8 millions de dollars, qui s’accroît. Les prévisions tablaient sur 10 millions de dollars pour 2008. D’après les estimations, Stage6 coûterait 1 million de dollars par mois en bande passante.

Fin novembre, le conseil d’administration de DivX Inc. est réuni pour approuver la séparation de Stage6 et l’opération de financement. Mais coup de théatre, les actionnaires refusent. Probablement impressionnés par le montant qui leur est proposé malgré la jeunesse du site, et désireux d’attendre plus longtemps pour obtenir plus encore, ils préfèrent annuler la scission au dernier moment. Le projet avorte, ce qui provoque la démission de l’ensemble des co-fondateurs et employés clés de Stage6. Le site devient une coquille vide sans maître à bord.

En décembre et en janvier, le site a continué à tourner mais les actionnaires ne savaient plus quoi en faire, une fois les cerveaux partis. Et chaque mois qui passe, c’est 1 million de dollars en moins dans les caisses de DivX. Selon Arrington, DivX aurait demandé début février à Greenhall de signer l’accord prévu en novembre, mais il aurait refusé, sans doute pour des raisons d’orgueil.

C’est ainsi que Stage6 a fermé, alors que son potentiel était réel. Et voici comme Flash se retrouve, malgré ses faiblesses techniques, en situation de monopole absolu sur les plateformes d’échange vidéo en ligne…


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