La société Qobuz a annoncé cette semaine s'être placée en procédure de sauvegarde, afin de retrouver un second souffle. Elle a toutefois souligné ses difficultés de financement et sollicité le soutien de Fleur Pellerin.

Nettement moins populaire que Spotify ou Deezer qui ont chacun des millions d'abonnés, Qobuz est une plateforme musicale française qui commercialise des abonnements pour écouter de la musique en ligne. Lancé fin 2007, le site est aujourd'hui actif dans huit pays européens, en plus de la France, et dispose de 25 000 abonnés.

Soucieuse de se démarquer de la concurrence, la plateforme Qobuz a concentré très tôt ses efforts au niveau de la valeur ajoutée. Outre la production d'un contenu original dans la partie magazine, le site promet une qualité d'écoute supérieure (FLAC 16 Bits/44,1 kHz) à ses clients). Évidemment, tout cela a un coût. Dès lors, le prix des abonnements est plus élevé que la grille tarifaire de la concurrence.

Mais dans la bataille de la musique en ligne, il est très difficile d'être audible lorsque l'on propose des formules plus chères, même celles-ci ont des atouts indéniables.

Fin 2013, Qobuz a donc procédé à à un réajustement en baissant l'offre HiFi de 29,99 à 19,99 euros par mois et en réduisant le forfait Qobuz HiFi Classique de 19,99 euros à 14,99 euros par mois (les deux autres offres à 9,99 et 4,99 euros demeurant inchangées, avec une qualité sonore moindre (MP3 320 Kbps) et des fonctionnalités que l'on retrouve chez la concurrence).

Procédure de sauvegarde

Malgré une internationalisation de ses activités et un effort substantiel au niveau de sa grille tarifaire, Qobuz est plus que jamais en difficulté. La plateforme a en effet annoncé ce jeudi s'être placée sous procédure de sauvegarde une semaine plus tôt. L'entreprise connait en effet des difficultés de financement qui compromettent son avenir à moyen terme dans le marché du streaming.

"Dans un contexte économique difficile en France non seulement en général mais encore plus dans le domaine de la musique en ligne où les grilles d’analyse sont complexes à appréhender pour les investisseurs, il est délicat pour une jeune entreprise novatrice de se financer. Là est l’origine de la situation de Qobuz à ce jour" explique la société.

Cela étant, Qobuz veut tranquilliser les esprits.

Une telle procédure permet "à une entreprise saine de reprendre son souffle pendant une période d’observation de quelques mois", de reconstituer sa trésorerie et de procéder "aux ajustements dans l'organisation" (faut-il comprendre "licenciements" ?). Qobuz "n'est pas en cessation de paiement". Le site poursuit ses activités, paie ses fournisseurs et continue de se développer.

L'alliance Orange-Deezer pointée du doigt

Dans une interview accordée à iGénération, Yves Riesel, président et fondateur de Qobuz, a expliqué que les difficultés rencontrées par la plateforme à maintenir un effort marketing élevé pour gagner en visibilité, se faire connaitre et attirer de nouveaux clients. Le PDG considère aussi que le climat des affaires en France ne favorise pas l'émergence et le développement d'une jeune société comme Qobuz.

Mais surtout, Yves Riesel estime que l'alliance entre Orange et Deezer, décrite comme une "distorsion de concurrence" a été dévastatrice. Selon, Qobuz a été "écrasé par le rouleau-compresseur de l'alliance Orange-Deezer en terme de notoriété depuis quatre ans".

Aujourd'hui, Yves Riesel envisage de se tourner vers la banque publique d'investissement (BPI) et espère que Fleur Pellerin, ancienne ministre déléguée aux PME, à l'innovation et à l'économie numérique, aujourd'hui en charge du portefeuille de la culture, sera sensible à la situation de Qobuz. D'ailleurs, le site n'a pas manqué de rappeler son attachement la culture française.

"Cette plateforme a […] a une éthique : le respect des artistes et des labels et la volonté de leur fournir un modèle économique créateur de valeur.  L'outil de distribution Qobuz est un outil indépendant — qui défend la francophonie et les artistes européens, alternatif aux services axés sur les répertoires mainstream et pilotés depuis les pays anglo-saxons".


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