En Chine, des URL d'Amazon et de Google sont utilisées pour créer des sites miroirs que les autorités peuvent très difficilement censurer.

La semaine dernière, le site GreatFire qui s'est donné pour mission de surveiller et de contrer le "Grand Firewall de Chine", rapportait que l'accès à l'édition chinoise de Reuters était bloqué. La décision de censurer l'agence de presse aurait été prise après la publication d'une dépêche établissant un lien entre la banque américaine JP Morgan et Lily Chang, la fille du premier ministre chinois Wen Jiabao.

Traditionnellement, le filtrage chinois est basique et brutal. Ce sont les noms de domaine des sites à bloquer qui sont filtrés au niveau des serveurs DNS, de sorte que les navigateurs chinois ne savent plus quel serveur interroger pour accéder aux sites censurés. Il est aussi possible de bloquer plus finement certaines URL, lorsqu'elles sont accédées en HTTP non sécurisé.

Aussi, comme le rapporte The Next Web, GreatFire a décidé de tester la censure chinoise en créant un site miroir sécurisé de Reuters China qu'il sera politiquement impossible de bloquer. Toutes les dépêches de l'agence de presse sont en effet reprises sur le site miroir s3.amazonaws.com/cn.reuters/index.html, donc sur une URL accédée en HTTPS appartenant à Amazon, et plus précisément à ses services d'hébergement en cloud. Pour bloquer ce nom de domaine, il faudrait bloquer les sites d'Amazon et ceux de très nombreux clients. Un risque que le gouvernement chinois ne sera sans doute pas prêt à prendre.

Déjà par le passé, cette méthode de la création de miroirs sur des domaines d'Amazon ou de Google avait été utilisée pour contourner la censure Sina Weibo, le Twitter chinois. 

Comme le note The Next Web, la seule solution restante pour la Chine serait de contraindre Amazon ou Google à censurer d'eux-mêmes ces URL, ce qu'ils ne feront très probablement pas.

Mais pour le gouvernement chinois, l'essentiel n'est pas de s'assurer que les sites censurés soient totalement impossibles à consulter. Il s'agit d'éviter que la masse des internautes puissent le faire, or la plupart d'entre eux ne sauront pas où trouver les URL fonctionnelles, s'ils ont l'idée de les chercher. L'effort est donc louable, mais son effet sera limité.

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