Les États-Unis ont lancé une enquête contre l'équipementier chinois ZTE. Celui-ci est accusé d'avoir poursuivi ses activités commerciales en Iran, alors que le régime suit une politique répressive contre sa population et est visé par d'importantes sanctions économiques à cause de son programme nucléaire. ZTE affirme avoir suspendu toutes ses activités depuis.

Considéré comme un ennemi d'Internet par Reporters Sans Frontières, l'Iran est par ailleurs visé par des sanctions économiques occidentales à cause du flou entourant son programme nucléaire. Dans ces conditions, certaines activités commerciales sont étroitement surveillées notamment celles ayant trait aux télécommunications. ZTE vient de s'en rendre compte.

Reuters signale en effet que l'équipementier chinois a suspendu la quasi-totalité de ses activités en Iran suite au déclenchement d'une enquête pénale à son encontre aux États-Unis. Seul le service après-vente est encore assuré, à distance, afin de permettre aux Iraniens de maintenir les équipements vendus jusqu'à présent, a indiqué le PDG de l'entreprise.

ZTE n'a pas souhaité détailler la nature de ses activités commerciales en Iran. En tout cas, la suspension tombe mal pour l'équipementier, qui est déjà, avec Huawei, en difficulté en Occident. En effet, les autorités en France, en Europe, aux USA, au Canada ou encore en Australie cherchent désormais à se passer des produits de ces deux firmes pour la conception de leurs réseaux, au nom de la sécurité nationale.

L'Iran a été souvent pointé du doigt pour la répression exercée sur le net. Depuis bientôt un an et demi, le pays a imposé de nouvelles conditions pour accéder à Internet, bloqué le protocole sécurisé HTTPS, clamé son intention de lancer son propre réseau Internet, suspendu l'accès à Gmail ou encore empêché l'utilisation de VPN pour échapper à la censure et à la surveillance.

Dès lors, le déclenchement de l'enquête américaine contre de ZTE est sans doute lié à la politique liberticide de l'Iran vis-à-vis de sa propre population. Difficile de penser que l'équipementier ZTE n'est pas totalement étranger à cette situation, d'autant que l'équipementier chinois vient d'un pays où la censure d'Internet et la surveillance des internautes ont atteint des sommets.

L'Occident bouge, un peu tard

L'an dernier, Barack Obama a prononcé un discours dans lequel il a déclaré que les technologies capables de filtrer et surveiller les réseaux de télécommunications ne devaient pas servir à asservir les populations.  S'exprimant au musée du Mémorial de l'Holocauste, à Washington, il a prévenu que le gouvernement sanctionnera les firmes entretenant des liens commerciaux avec les régimes autoritaires.

Si ZTE est aujourd'hui pointé du doigt, il convient de rappeler que des entreprises occidentales ont également été accusées d'avoir vendu de tels dispositifs à des dictatures. C'est le cas de Nokia, Siemens, Amesys, McAfee, Cellusys, Area SpA ou encore Creativity Software. En France, une information judiciaire contre Amesys a est ouverte l'an dernier à Paris pour complicité d'actes de torture.

Si aujourd'hui, le contrôle de la vente d'armes électroniques est réclamé en Europe pour empêcher leur export vers des régimes autoritaires, les gouvernements français et allemand se montrant en pointe sur ce sujet, l'assainissement du secteur demandera encore du temps et un contrôle accru et transparent de la part des autorités, à défaut d'une prise de conscience des professionnels.

À ce sujet, RSF note toute l'ingéniosité de ces derniers pour poursuivre leurs affaires. "La répression orchestrée par le régime de Téhéran s’appuie sur l’aide apportée par des sociétés étrangères, notamment occidentales. Malgré les sanctions adoptées par les instances européennes et américaines à l’encontre de l’Iran, RSF s’étonne que le régime puisse contourner ces mesures avec les “sociétés-écrans” qu’il a créées".

"Une révision des règles qui gouvernent l’exportation de matériels utilisés à des fins de censure et de surveillance s’impose. Les procédures de traçage du matériel et des logiciels concernés doivent être renforcées, afin d’éviter que des produits "interdits" ne se retrouvent entre les mains de dictateurs, via un pays tiers ou une société obscure", conclut l'organisation.

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