Alors que l'UMP s'enfonce dans la crise, menaçant son existence même, des cadres du parti se sont exprimés cette semaine pour regretter l'absence du vote électronique, considérant que le vote traditionnel sur papier était moins cher et plus sûr. Mais l'emploi de cette autre méthode n'aurait pas garanti la sincérité du scrutin, tant le vote électronique est opaque.

Sans aucun doute, le duel fratricide que se livrent à distance Jean-François Copé et François Fillon depuis une semaine pour la présidence de l'UMP laissera des cicatrices profondes au sein du principal parti d'opposition. À supposer que celui-ci parvienne à échapper à la scission : car jamais le mouvement fondé il y a dix ans n'a semblé aussi proche de l'éclatement, à cause d'ambitions personnelles.

Ce spectacle désolant offert depuis une semaine aux militants de l'Union pour un mouvement populaire et aux Français a suscité de nombreux commentaires, en particulier sur le besoin du parti de se réformer en profondeur. Vu la crise interne actuelle, nombreux seront sans doute les cadres de l'UMP à réclamer que les prochaines échéances électorales internes se déroulent sans accroc.

Certaines voix se sont d'ailleurs élevées pour déplorer l'absence du vote électronique. C'est le cas notamment de Dominique Dord, député de la Savoie et trésorier de l'UMP. "Le vote électronique se fait via  des identifiants distribués par le siège et donc par Copé", expliquait-il au Figaro en juillet dernier. "Autant s'épargner la peine de voter et déclarer Copé vainqueur".

Mais vu les circonstances actuelles, la décision d'écarter cette méthode "a été une énorme erreur", juge-t-il aujourd'hui. "Au final, toute cette histoire va nous coûter plus cher. On a dû recruter des huissiers de 8h à 22h pour surveiller le scrutin. La facture sera énorme", alors que l'UMP est déjà lourdement endetté. La méthode du vote électronique, certes onéreuse, aurait était plus économique : 500 000 euros pour cette élection.

Même son de cloche du côté de Laure de La Raudière, élue de l'Eure -et-Loir et secrétaire nationale de l'UMP chargée du numérique. Dans un tweet envoyé mercredi, la députée et soutien de Bruno Le Maire lors de la primaire estime "qu'avec un vote électronique, on n'en serait pas là". Mais encore faut-il faire confiance à un mécanisme opaque pour remédier à la tricherie, d'autant que le vote électronique peut aussi être truqué.

Car si la piste du vote électronique a été un temps imaginée au siège de l'UMP, les cadres du parti ont fini par balayer cette voie au regard du coût du dispositif et des risques de manipulation. Il suffit de voir les craintes exprimées par Dominique Dord. Le comble aura été finalement de considérer le vote traditionnel sur papier comme étant plus sûr, puisque même avec cette méthode de lourdes interrogations pèsent sur ce scrutin.

( photo : Reuters )


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