Deux semaines seulement après l’arrivée du Parti Pirate suédois au Parlement européen, c’est au Parlement allemand que le Parti Pirate gagne un siège. Opposé au projet de loi de filtrage du net voté par la majorité, le député Jörg Tauss a décidé de quitter le SPD et de rejoindre aussitôt le Piratenpartei, qui fait donc déjà son entrée au Bundestag. Une décision toutefois entourée d’une controverse personnelle.

Alors qu’en France les différents Partis Pirate (il y en a mainteant trois !) sont absolument ridicules et illisibles par leurs divisions de jeunes rebelles prépubères, au point d’hypothéquer déjà les chances d’être présents avec force aux prochaines élections législatives, le succès du Piratepartiet suédois fait recette ailleurs en Europe. Grâce à une organisation sans faille et un programme simple mais non extrémiste qui séduit les partisans des libertés et de la vie privée numériques, le Parti Pirate suédois a réussi à gagner 7,1 % de voix aux Européennes du 7 juin dernier. Assez pour envoyer un député à Bruxelles, voire même un deuxième après l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Assez, surtout, pour donner des ailes à tous les partis pirate d’Europe, qui s’organisent déjà pour les prochaines échéances électorales.

En Allemagne, il n’aura cependant pas besoin d’attendre le renouvellement du Bundestag pour que le Piratenpartei y soit représenté. Ce week-end, l’ancien député du Parti Social Démocrate (SPD) Jörg Tauss a décidé de quitter la majorité parlementaire pour rejoindre le Parti Pirate. Alors que son ancien parti lui demandait de quitter le Parlement, où il a été élu grâce à son étiqutte SPD, Tauss a refusé et décidé de représenter le PP et ses idées au Bundestag.

Sa décision fait suite au vote par le parlement allemand de l’équivalent du volet « filtrage » de la Loppsi française, qui oblige les fournisseurs d’accès à Internet à bloquer l’accès à certains sites internet dont la liste sera établie par l’administration, sans contre-pouvoir. Une politique de censure, officiellement réservée aux sites pédophiles, qui est inacceptable pour ce parlementaire élu au Bundestag depuis 1994, féru de nouvelles technologies et partisan de la neutralité du net et de la garantie des libertés sur Internet. Comme plus de 120.000 signataires d’une pétition officielle lancée auprès du gouvernement, il estime que le risque est élevé de voir d’autres types de sites censurés, et critique l’inefficacité totale du dispositif qui pourra facilement être contourné par les pédophiles.

« Jusqu’à la fin de la présente législature, je serai le premier député du Parti Pirate au parlement allemand« , s’est félicité dimanche Jörg Tauss. Il y défendra un plus grand respect des libertés numériques, et un rééquilibrage du droit d’auteur en faveur de la société civile.

Dans un communiqué, le Parti Pirate allemand s’est félicité de cette entrée inattendue au Bundestag, et a salué « l‘un des hommes politiques les plus expérimentés dans des domaines comme l’éducation, la recherche et les nouveaux médias« . Le Piratenpartei voit dans cette décision « l’aboutissement d’une longue série d’échecs du SPD dans les domaines des droits civils dans l’ère numérique« , qui « montre une perte dramatique de crédibilité en son sein et de l’extérieur« .

Sa décision intervient cependant dans un contexte personnel qui pourrait brouiller l’image du Parti Pirate. Jörg Tauss est en effet accusé de détenir sur son ordinateur des images à caractère pédophile. Le député l’a reconnu, mais expliqué que c’était des images obtenues dans le cadre de son travail parlementaire, d’enquête sur les réseaux pédophiles qu’il combat de longue date sur Internet. Il ne faudra pas longtemps avant que ses adversaires ne fasse passer le Parti Pirate pour un parti politique favorable à la pédophilie sur le net.

« Tant qu’il n’y a pas de condamnation pénale à l’encontre de M. Tauss, le Piratenpartei n’a aucune raison de mettre en doute l’intégrité morale et l’innocence de M. Tauss« , s’est contenté d’indiquer le Parti Pirate. Une enquête est en cours et conduira, ou non, à une mise en examen dans les prochaines semaines.

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