Ces dernières semaines, les tensions entre le Hamas et Israël se sont considérablement tendues. Avec, comme point d’orgue, un nouveau week-end sanglant marqué par des tirs de roquettes et mortiers de part et d’autre de la frontière. Au total, quatre Israéliens et 23 Palestiniens ont trouvé la mort, avant qu’un cessez-le-feu n’entre en vigueur le lundi 6 mai 2019, à 4h30, grâce à une médiation de l’Égypte.
Israël, une réponse disproportionnée ?
Si cette escalade de violence a une fois de plus fait la une des journaux, l’un des bombardements effectués le samedi 4 mai a suscité beaucoup d’interrogations : avec comme principal objectif d’éliminer un groupe de hackers palestiniens pris en flagrant délit de cyberattaque, le pilonnage effectué par les services du pays constitue en effet une réponse forte.
Comme le note Le Monde, jamais une armée n’avait jusque-là utilisé des armes conventionnelles pour éliminer un ou plusieurs pirates informatiques pris sur le fait. Bien que les États-Unis se soient servis d’un drone pour supprimer un hacker de l’État islamique, en 2015. Mais surtout, le porte-parole de l’armée israélienne cité par le quotidien français évoque une attaque « de faible intensité », rapidement repérée puis déjouée par Israël.
Réalité et cyberespace : une frontière brisée
Selon Judah Ari Gross, le commandant de la cyber division de Tsahal, cette tentative d’attaque visait à « nuire au mode de vie des citoyens israéliens », peut-on lire sur The Times of Israël. Celui qui se fait aussi surnommer « Dalet » précise avoir mené des bombardements sur le quartier général de l’unité cyber du Hamas, tout en confirmant la facilité avec laquelle ses hommes ont déjoué la tentative au regard de sa faible complexité : « Nous avons toujours eu une longueur d’avance sur eux », a-t-il déclaré.
Les questions soulevées par un tel acte défensif sont nombreuses. En répliquant physiquement à une attaque orchestrée dans le cyberespace, Israël ne fixe plus de limites entre la « réalité » et le cyber. Mais faut-il employer « les grands moyens » pour éliminer une menace pourtant neutralisée ? Ce geste donne-t-il le feu vert aux autres nations pour agir de la sorte lorsqu’une attribution a été établie ? On imagine que non, au risque d’un conflit mondialisé probablement sans issue.
Une simple justification de la part d’Israël ?
Une autre interrogation demeure. Comme le fait remarquer François Delerue, chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (Irsem), dans les colonnes du Monde, « Israël communique beaucoup sur les conflits armés et le recours à la force, notamment pour se justifier ». Or, dans notre cas, aucune preuve selon laquelle le Hamas menait une cyberattaque n’a été présentée. À savoir si l’armée israélienne n’a pas justifié ce bombardement par une tentative d’attaque informatique à son égard.
Des doutes que partage également l’expert en Cybersécurité Daniel Moore sur Twitter. Dans une série de tweets, celui-ci souligne le flou de la communication des forces israéliennes et s’étonne de la supposée stratégie du Hamas de regrouper une partie de ses hackers au sein d’un même bâtiment et surtout d’une structure aussi exposée.
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