Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se serait passé si vous n’aviez pas repéré de loin cette tentative de phishing relativement grossière ?
Il est parfois difficile de visualiser concrètement comment une cyberattaque provoque ses dégâts. Les intrusions de longue haleine ou l’exploitation de vulnérabilités sur des périphériques oubliés impressionnent par leur sophistication, mais n’ont pas toujours le même impact sur nos comportements que la campagne mise en lumière à la mi-décembre 2025 par les équipes de Gen.
Ici, pas de malware à infiltrer, pas de mots de passe à déchiffrer : tout repose sur de l’ingénierie sociale, un lien de phishing et le détournement d’une fonctionnalité parfaitement légitime de WhatsApp.
Le piège se referme en cinq étapes, et pour vous ôter toute curiosité de la tête si vous avez eu la présence d’esprit de n’en suivre aucune, les voici :

Étape 1 : le message piégé
Comme souvent dans ce type d’attaque à grande échelle, les cybercriminels misent sur la curiosité parfois un peu naïve des utilisateurs de messagerie instantanée.


Tout débute par l’envoi d’un message de phishing envoyé depuis un compte WhatsApp déjà compromis, généralement très court et anodin, par exemple « J’ai trouvé cette photo de toi… » accompagné d’un lien.
Le fait que ce message provienne d’un contact légitime, membre de la famille, ami ou collègue, réduit fortement la méfiance de la victime et augmente la probabilité de clic.
Si la fréquence de ces scams a habitué une partie des utilisateurs à ignorer ce type de messages, ces pièges parviennent malheureusement encore aujourd’hui à entraîner certaines victimes vers l’étape numéro 2.
Étape 2 : la fenêtre qui imite Facebook
En cliquant sur le lien, les victimes se retrouvent ainsi redirigées vers une page web minimaliste qui imite l’interface de Facebook, avec logo, couleurs et un bouton pour continuer ou vérifier l’identité.
Cette fausse « visionneuse » n’a en réalité aucun lien avec Facebook (comme l’indique son URL), elle sert de façade de confiance pour mener vers les étapes suivantes et crée un sentiment d’urgence chez le destinataire, qui pense alors n’être qu’à une seule étape de voir s’afficher une photo de lui dont il ignorait l’existence.
Étape 3 : le numéro de téléphone comme porte d’entrée
Pour « continuer » et ainsi voir la photo, la page Facebook factice demande à la victime de saisir son numéro de téléphone WhatsApp, ce qui est présenté comme une étape de validation classique.
Une fois saisi, le numéro est transmis en arrière-plan à l’assaillant qui peut l’insérer dans la véritable fonctionnalité de liaison d’appareil de WhatsApp, qui génère instantanément un code de couplage pour s’assurer qu’il s’agit d’une procédure effectuée par le propriétaire légitime du compte.

Étape 4 : le numéro de téléphone comme porte d’entrée
Entre les mains de pirates, le code d’authentification généré par WhatsApp est par la suite affiché à l’écran de la victime accompagné d’instructions rassurantes comme : « Entrez ce code dans WhatsApp pour confirmer et voir la photo. »
La victime revient dans son application WhatsApp, voit une demande de couplage et, pensant finaliser la vérification de sécurité, saisit ce code directement dans l’interface de l’application, validant en réalité l’ajout d’un nouvel appareil lié.
Étape 5 : le compte est compromis et devient à son tour un vecteur d’attaque
Une fois le code validé, l’appareil de l’attaquant est officiellement associé au compte WhatsApp de la victime, devenant un véritable « appareil fantôme ».
Cet accès lui permet de lire les conversations, recevoir les nouveaux messages et envoyer des contenus au nom de la victime, notamment de nouveaux messages de phishing vers ses contacts et groupes.
Le compte compromis devient ainsi un relais d’attaque, et le pirate n’a plus qu’à revenir à l’étape 1 pour inonder de messages l’annuaire de contact de sa dernière victime.
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