Même si les équipes de communication du constructeur Essential nient tout rapport entre les deux événements, la séquence a de quoi intriguer : Andy Rubin, celui qu’on nomme le père d’Android, aurait été prié de quitter Google en 2014 à la suite d’une enquête sur une relation « inappropriée » qu’il aurait eu avec l’une de ses collègues. Le terme, repris de l’article témoignage publié par The Information est employé par défaut ici dans la mesure où la nature de ces comportements n’a pas été précisée. Immédiatement après la publication de l’article, Rubin a « pris congé » d’Essential pour des « raisons personnelles ».
L’employée à l’origine de la plainte interne remontée aux Relations Humaines de Mountain View était subordonnée hiérarchiquement à Rubin à la division Android. The Verge rappelle que dans la politique intérieure de Google, une relation, même consentie, est interdite dans la même division de l’entreprise et doit être rendue publique afin que les employés concernés ne travaillent pas ensemble. Cela dit, il est stipulé dans l’enquête que « le comportement de Rubin était déplacé et faisait preuve de mauvais jugement ».
Quoi qu’il advienne de cette affaire qui n’était pas sortie en public en 2014 et dont les prémisses ressemblent à de trop nombreuses histoires de harcèlement, Rubin est donc en congé. Cela a de l’importance pour la startup, car Rubin est peu ou prou la seule caution qui garantissait sa légitimité auprès du public et des investisseurs. La levée de fonds « sur des concepts » avait été plutôt bien accueillie dans le milieu de la tech, mais plusieurs douches froides ont depuis fait redescendre Essential de son piédestal médiatique.
Essential en mauvaise posture
La première a eu lieu juste après l’annonce. En effet, l’Essential Phone, qui avait l’air d’un beau produit, était entouré de tas de concepts qui sentaient malheureusement l’entourloupe marketing. On pouvait bien entendu lire des choses sur une intelligence artificielle qui respecterait la vie privée, ou des tas de lignes sur un écosystèmes d’objets connectés dont Essential serait le centre, de l’accessoire à la domotique avancée. De ces promesses, aujourd’hui, seul l’Essential Phone est sorti : un très bon smartphone sous Android (et complètement irréparable) au design léché. Aucune nouvelle du reste.
Mais aussi bon soit le smartphone, plébiscité par la presse américaine, sa distribution a connu des accroches. Essential avait en effet promis un délai de livraison court à ses clients qui n’ont eu aucune nouvelle le jour promis. L’entreprise a préféré le silence avant d’admettre des retards à la livraison — sans parler d’un cafouillage autour de mails embarrassants et d’un soupçon de vol de technologie.
La dernière douche, peut-être la plus glacée de toutes, vient des ventes. Cette année, le smartphone est en concurrence avec des tas d’engins haut de gamme particulièrement intéressants — citons bien sûr l’iPhone X et le Galaxy S8, mais aussi le Mate 10 ou, aux États-Unis, les Pixel de Google. Résultat, une première réduction du prix a eu lieu à la rentrée — l’entreprise évoquait une action marketing pour accompagner une campagne de publicité. Le prix passait alors de 699 $ à 499 $. À croire que l’opération s’est prolongée : le Black Friday a vu le smartphone se brader à 399 $. Ce n’est jamais bon signe quand une entreprise casse les prix de ses appareils quelques mois après leur sortie.
Cette affaire qui met en cause directement Andy Rubin, face visible et VRP d’Essential, pourrait avoir une nette influence sur l’image de la startup auprès du public et des investisseurs : pas vraiment ce dont elle a besoin quand les produits, a priori, ne cartonnent pas.
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