En mêlant fin-tech, religion et capital risque, Junaid Wahedna a développé un concept aussi novateur qu’évident. L’entrepreneur a trop souvent observé que les musulmans américains, pour des raisons spirituelles, n’engageaient pas leurs actifs dans des fonds d’investissements. Pour en finir avec cet argent qui dort, Wahedna lance un capital-risque avec un lourd cahier des charges éthique pour ses clients croyants.

Aux États-Unis, les foyers musulmans n’investissent pas… ou peu. Les croyants semblent préférer éviter les fonds généralistes où leur argent peut financer aussi bien la vente d’armes qu’une startup éducative.

Le problème éthique et spirituel posé par des dépôts dans les firmes de capital risque les plus célèbres est simple : pour le musulman, comme pour le chrétien, l’argent investi dans une entreprise douteuse est à compter sur le poids de l’âme. Comprenez dès lors que des mains profanes ne peuvent, d’un point de vu spirituel toujours, s’occuper des deniers gagnés par le croyant.

Un algorithme fintech halal

C’est en tout cas ainsi que Junaid Wahedna, CEO du fond Wahed, analyse la timidité des musulmans américains lorsqu’il s’agit d’investir. Pour Wahedna, les produits financiers américains ne sont pas adaptés aux musulmans qui découvrent un « marché trop effrayant pour beaucoup de personnes » explique-t-il.

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Afin de mêler compatibilité spirituelle et fraternité avec les valeurs musulmanes, Wahedna a donc décidé de créer son robo-advisor, un conseiller financier automatisé comme l’on en voit partout dans la fin-tech. Néanmoins l’algorithme de Whedna n’est pas seulement à la recherche des meilleurs placements, il cherche aussi ceux exemptés de pêchés pour le croyant.

Interrogé sur la nécessité de son fonds, Junaid réplique théologie. Ajoutons pour la compréhension que la sharia précise en effet que le riba et le gharar sont interdits aux musulmans. Ces deux pratiques correspondent respectivement à l’usure et à la spéculation. On peut également ajouter qu’investir dans le tabac, l’alcool, les services financiers, l’alimentation non halal, le divertissement non halal (jeux, casinos, porno) et l’armement sont également interdits. Ces règles viennent des lois de la sharia, qui, rappelons-le, prennent leur source dans le Coran et sont mises en pratiques dans la sounna du Prophète Mohammed.

L’équation impossible de l’investissement vertueux

L’équation ainsi présentée devient alors particulièrement sophistiquée pour le musulman qui ne souhaite pas investir dans l’immobilier et occuper ses fonds. Le nombre de critères excluants est si important qu’ils viennent percuter de nombreuses habitudes de la finance moderne, d’où le besoin de voir émerger des fonds halal au sens propre du terme.

L’idée d’un tel fonds est venu à Wahedna alors qu’il a rencontré un immigré du Bengladesh qui était venu en Amérique avec 100 000 $ sur lui. L’homme a alors demandé à son Imam local ce qu’il pouvait faire de cet argent, sans le mettre à la banque pour éviter l’usure : le prêcheur lui a alors précisé que les actions Apple étaient halal, a contrario de beaucoup d’autres. Le lendemain, notre investisseur débutant achetait 100 000 $ d’actions à Cupertino… Quitte à se retrouver avec un portefeuille dangereusement dépendant d’une unique activité.

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Pour Wahedna, le problème est profond et de nombreux fidèles de Mahomet font de mauvais investissements, n’ayant pas le temps et la connaissance pour trouver un portefeuille certifié halal. D’où l’idée de cet entrepreneur singulier qui fournit désormais, grâce à son robot, un état des lieux du marché financier compatible avec la sharia.

En réalité, le fond et ses strictes pratiques éthiques n’intéressent pas que les musulmans, de nombreux catholiques ayant déjà fait savoir leur intérêt. Dans le droit canon, l’usure n’est pas non plus autorisée aux croyants.

une gestion automatique et intelligente du marchés des sukuks

Le pilier de la relation entre les musulmans et la finance, se trouve, pour Wahedna dans une interface discrète, interactive, qui propose automatiquement des titres compatibles avec la sharia. Par ailleurs, la technologie proposée par la firme américaine assurera une gestion automatique et intelligente du marchés des sukuks, les obligations telles que décrites dans le droit islamique.

Cette semaine, la startup de Junaid levait 5 millions de dollars. La prochaine étape pour l’entrepreneur musulman ? « La carte de crédit ou les hypothèques… nous ne parlons pas que d’un seul produit… » explique-t-il à TechCrunch en rêvant déjà d’un service bancaire complet et… halal.

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